Olivier Vavon, Secrétaire général de l’UD FO de la Nièvre : « Se battre c’est gagner, se taire, c’est perdre d’avance »

Congrés d’UD par Nadia Djabali

L’UD FO de la Nièvre a tenu son congrès le 25 novembre. À l’ordre du jour, la belle progression opérée par FO tant au niveau des entreprises privées que dans la fonction publique du département. Prochaine étape : mieux faire connaître le syndicat et recruter des adhérents.

Le département va devenir une maison de retraite géante pour la région parisienne, commence Olivier Vavon, secrétaire de l’union départementale de la Nièvre (UD FO 58). On est en pleine désertification et les jeunes, qu’ils aient fait des études ou non, s’en vont ailleurs. L’une des rares activités à avoir le vent en poupe : les maisons de retraite qui ouvrent les unes après les autres.

En 15 ans, la Nièvre a perdu 4 000 postes dans le privé et 7 000 dans la fonction publique, l’équivalent de la population de Cosne-sur-Loire. À ces disparitions de poste, il faut ajouter un nombre très qu’inquiétant d’heures de chômage partiel : 794 000 entre janvier et novembre 2017, soit 5 293 mois de travail pour une partie des 41 000 salariés du privé. Les entreprises se servent de Pôle emploi pour faire payer à la collectivité la moindre baisse d’activité, déplore Olivier Vavon.

Convaincre les salariés

Un contexte socio-économique qui rend difficile l’action syndicale. Mais les militants sont loin de sombrer dans la morosité. Les camarades sont combattifs, ils ont la volonté de convaincre les salariés, raconte Olivier Vavon. Et quand on a la volonté de se battre, on y arrive et on gagne.

Un message reçu cinq sur cinq lors du congrès de l’UD FO 58, présidé par Pascal Pavageau, secrétaire confédéral. Le rendez-vous a rassemblé 140 personnes dont une centaine mandatée. Une occasion de se retourner vers quatre années de mandature syndicale jalonnées par des actions, des manifestations mais également par le travail de fourmi effectué par les militants auprès des salariés.

67% des salariés de Solvay en grève

Le 10 octobre 2017, un peu plus d’un millier de fonctionnaires ont arpenté les rues de Nevers. L’itinéraire de la manifestation les ont conduits de la place Carnot aux grilles de la préfecture. Le même jour à Nevers, une cinquantaine de salariés de l’hypermarché Géant Casino ont débrayé, signifiant leur désaccord à une direction qui avait décidé d’ouvrir l’enseigne le dimanche matin. Le 5 octobre 2017, au centre hospitalier de la Charité-sur-Loire, plus de 120 salariés ont dénoncé les changements d’horaire et de durée du travail.

Le 29 septembre, c’est à l’usine Solvay de Clamecy que cela se passe. FO y dénonce une dégradation des conditions de travail et le peu d’entrain de la direction à améliorer la situation. Dans cette usine, les méthodes de management sont telles que 60 à 70% des salariés vont bosser la boule au ventre, décrit le secrétaire de l’UD. L’ambiance est suffisamment délétère pour que 67 % des salariés, y compris les cadres, suivent la grève. Un score d’autant plus important que pour beaucoup de salariés, faire grève c’est sortir de l’anonymat. Par la suite, le siège national de Solvay a envoyé un DRH pour déminer le terrain. La direction mettait un mouchoir sur tout ce qu’il s’y passait. Aujourd’hui, ce mouchoir est en train de se soulever, se félicite Olivier Vavon.

Comment pérenniser les implantations dans les PME ?

L’UD est toute entière tournée vers le développement syndical. Mais développer, facile à dire mais un peu plus compliqué à réaliser dans un département qui compte seulement 135 entreprises de plus de 50 salariés sur les 5 000 entreprises ancrées dans le territoire. On s’est implanté dans quinze boîtes, mais on a ramé pour y arriver, continue Olivier Vavon. Et s’implanter, c’est bien, mais pérenniser cette présence est, contrairement aux boîtes de plus de 200 salariés, un véritable défi dans les PME.

Pour autant, les résultats sont là : L’UD FO est la troisième organisation syndicale du département qui n’en compte que trois. Les autres ont perdu leur représentativité. FO a enregistré une forte progression dans le commerce (20 %). Absent de la métallurgie il y a quatre ans, FO y est aujourd’hui la deuxième organisation représentative (16 %). Dans la fonction publique hospitalière, elle dépasse les 26 %. L’addition de ces résultats amène l’UD à 17,52 %, le meilleur score de Force Ouvrière dans la région Bourgogne.

Discrimination syndicale

Cette énergie syndicale permet de soutenir les militants en difficulté. Comme cette camarade chez Textilot, qui est plus que malmenée et qui a essuyé plusieurs tentatives de licenciement pour inaptitude, signale le secrétaire de l’UD. L’inspection du travail a refusé le licenciement parce qu’en lien avec son mandat. Avec 560 salariés, l’entreprise est un gros employeur du département et FO est la seule organisation syndicale à y être implantée. Des salariés de moins de 35 ans qui ne supportent pas le paternalisme de l’entreprise ont adhéré, se réjouit Olivier Vavon.

La persévérance de l’UD porte des fruits au-delà de la Nièvre, puisque depuis le 24 novembre, FO est implantée dans le département voisin du Cher à la cimenterie Calcia.

Du sang neuf dans les instances

Pour l’avenir proche, l’agenda de l’UD se remplit : préparer avec les territoriaux les élections professionnelles de 2018 dans la fonction publique. Et surtout travailler sur la communication externe de l’UD. Car même si les résultats sont là, la marge de progression fait du développement syndical la priorité des priorités.

À l’issue du congrès, 70 % de la commission exécutive de l’UD a été renouvelée. Pour Olivier Vavon qui conserve son siège de secrétaire d’UD, l’arrivée dans l’interpro de jeunes militants va pouvoir amener du sang neuf. Des jeunes qui en veulent, c’est l’avenir de l’UD, prédit-il.

Nadia Djabali Journaliste à L’inFO militante