Pénurie de gynécologues médicaux : Quel avenir pour la santé des femmes ?

Protection Sociale par Françoise Lambert

© Gilles ROLLE/REA

La gynécologie médicale permet avec efficacité le suivi des femmes tout au long de leur vie en dehors de la grossesse. Face à une pénurie dans la spécialité, des médecins et des femmes se mobilisent et alertent.

Les gynécologues médicaux ne sont pas assez nombreux, en raison de départs massifs à la retraite, mais aussi et surtout de la suppression de la spécialité pendant vingt ans.

Il est devenu très difficile aujourd’hui pour les femmes de pouvoir consulter un gynécologue médical, les plus jeunes femmes surtout ne se font plus suivre, s’inquiète Marie Stagliano, co-présidente du Comité de défense de la gynécologie médicale (CDGM), une organisation qui regroupe depuis 1997 des médecins de la spécialité et des femmes convaincues de leur combat.

Contraception, traitements hormonaux et dépistage des cancers

A l’inverse des gynécologues-obstétriciens, dont la spécialité se rattache avant tout aux accouchements et à la chirurgie, les gynécologues médicaux prennent en charge la santé des femmes durant toute leur vie, hors grossesse. A 90% des femmes, ces professionnelles se consacrent à la prévention et à l’information, à la contraception, aux traitements hormonaux et au dépistage des cancers du sein et génitaux.

Des chances de survie parmi les meilleures au monde

Exception française, la spécialité a démontré son efficacité et sa raison d’être. En France, seules 6,7% des femmes ont subi une ablation de l’utérus, contre 20 à 30% dans le reste de l’Europe et 40% aux États-Unis. Les chances de survie après un cancer du sein figurent parmi les meilleures au monde et le nombre de cancers de l’utérus a été divisé par quatre en vingt ans.

Effectifs insuffisants

Supprimée en 1984, la spécialité a été rétablie en 2003. Mais les effectifs ne sont pas aujourd’hui à la hauteur de besoins. Car aucun gynécologue médical n’a été formé pendant vingt ans.

En 2016, la France ne totalisait plus que 1212 gynécologues médicaux en exercice, avec 3,5 spécialistes pour 100 000 femmes. Quatre départements ne comptaient plus aucun gynécologue médical. Entre 2008 et 2016, la Normandie a perdu 49% de ces spécialistes, et l’Ile-de-France 47%.

Le nombre de postes d’internes est passé de 30 à 70 ces quatre dernières années. Mais le CDGM estime qu’il faudrait former environ 120 gynécologues médicaux par an pour rétablir la situation.

Le transfert de tâches : pas une solution

Les gynécologues médicaux s’inquiètent aussi de la volonté affichée par certains politiques de gérer le déficit en effectifs par des « transferts de tâches » vers d’autres professionnels de santé, comme les gynécologues-obstétriciens, les sages-femmes ou encore les généralistes. Un non-sens pour les gynécologues médicaux du CDGM. Car les métiers et les formations ne sont absolument pas équivalents et ces professions connaissent aussi des pénuries d’effectifs. Une telle orientation signerait une dégradation du suivi de la santé des femmes.

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante

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