Portraits de l’artiste en politique...

Exposition au Centre Pompidou par Michel Pourcelot

Le Centre Pompidou à Paris propose une exposition sur les relations entre art et politique, un sujet lourdement grevé par l’exemple de l’URSS stalinienne qui fit des artistes des instruments de propagande. En quasi parallèle, il présente en outre plus de 250 œuvres soviétiques et russes contemporaines.

Deux mots qui ne vont pas toujours bien ensemble. Encore faut-il s’entendre sur le mot politique... Bien loin du réalisme socialiste de l’art de l’époque stalinienne ou de la propagande de la Chine maoïste, innombrables sont les artistes qui, essentiellement depuis le XIXe siècle, se sont inscrits à des degrés divers dans une forme de refus ou de dénonciation socio-économiques, sans forcément s’inscrire dans la lignée d’un parti ou d’une idéologie. Art politique ? Engagé ? Révolté ? Au-delà d’une certaine ironie à proposer un tel thème dans un centre d’art baptisé du nom d’un homme politique, Politiques de l’art, première d’une nouvelle séquence d’expositions-dossier, éclaire sur les relations entretenues entre le monde de l’art et celui de la politique. Souvent au détriment des artistes. Un peintre comme André Fougeron (1913-1998), visible dans Politiques de l’art, débutera dans un cadre plutôt libertaire, celui du « groupe des indélicats » à Belleville, avant de basculer avec l’âge dans une obédience stalinienne, ce qui a obéré l’ensemble de son œuvre.

Réalisme vs abstraction

Le réalisme a longtemps porté la croix du réalisme socialiste, d’autant que les États-Unis s’étaient au lendemain de la Seconde guerre mondiale attachés à promouvoir l’abstractionnisme, jugé moins dangereux. Avant de se lancer dans ce dernier mouvement, un peintre comme Jackson Pollock végétait dans l’influence de Picasso, lui-même engagé dans le « Mouvement de la Paix » largement soutenu par l’URSS. Picasso exécutera même un portrait, peu apprécié, du leader soviétique. Comme quoi le « soft power » ne date pas d’hier. Il serait vain de croire que l’art officiel n’existe plus que dans des dictatures jurassiques. Il passe aussi sous les fourches caudines du marché de l’art ou par les donneurs de subventions des Frac et autres Frac. Avantage : à désobéir à leurs desideratas, on ne risque par le goulag mais juste l’ignorance pure et simple. Organisée parallèlement dans ce même Musée du Centre Pompidou et grandement grâce à un milliardaire russe, Kollektsia ! Art contemporain en URSS et en Russie. 1950-2000, permet de sortir de l’oubli les artistes passés sous le tapis roulant de l’art officiel soviétique mais permettra aussi de valoriser un stock jusque là peu générateur de profits sur le marché de l’art. A quand une expo sur l’artiste face aux différents pouvoirs ?


Politiques de l’art, du 29 septembre 2016 au 5 mars 2017, niveau 5 du musée du Centre Pompidou, Paris. Tarifs de 11 à 14 euros. Gratuit pour les moins de 26 ans.
Kollektsia ! Art contemporain en URSS et en Russie. 1950-2000, du 14 septembre 2016 au 27 mars 2017, niveau 4 du musée du Centre Pompidou, Paris. Tarifs : de 11 à 14 euros. Gratuit pour les moins de 26 ans.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante