Portugal : réchauffement d’un ibère austère

Revue de presse par Michel Pourcelot

Le gouvernement portugais pro-austérité est tombé mardi 20 novembre suite à l’alliance de plusieurs partis d’opposition. Cette nouvelle brèche dans le carcan de l’austérité a été diversement commentée dans la presse qui s’est également interrogée sur la viabilité de la nouvelle coalition.

Le Point
Avec une « alliance inédite et fragile » au pouvoir et « longtemps considéré comme l’élève modèle de la zone euro prompt à appliquer la rigueur budgétaire réclamée par Bruxelles, le Portugal est entré à nouveau dans une zone de turbulences, un an et demi après sa sortie d’un plan de sauvetage financier ». Sous-entendu, les cancres vont semer le désordre.

Le Monde
Ce qui est le discours du Premier ministre sortant, champion de l’austérité à tout crin : M. Passos Coelho a dénoncé « un programme de court terme et irréaliste, fondé sur le désir d’un retour à l’omniprésence de l’État », qui pourrait provoquer la « ruine du Portugal ». Bref, le soviétisme et le chaos, ni plus ni moins. La preuve, mais le contraire eut été étonnant : « La Bourse de Lisbonne était en chute de près de 4 % lundi en fin d’après-midi ».

La Croix
Ce serait plutôt l’austérité qui a ruiné le Portugal, ou du moins nombre de Portugais : « La hausse des impôts, la baisse des dépenses publiques, les pertes de revenus pour les fonctionnaires, les salariés du privé, les retraités, ont brisé le dynamisme du pays et entraîné nombre de ses habitants dans la misère », estime Henri Sterdyniak, économiste à l’observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Et d’ajouter : « Que le futur gouvernement de gauche décide de "tourner la page de l’austérité" en redonnant du pouvoir d’achat aux Portugais me paraît aller dans le bon sens. Bien sûr, ces mesures vont relancer la dépense publique. Il est inévitable que le Portugal sorte, du moins à court terme, des clous du pacte budgétaire européen ». Des clous qui crucifiaient sur l’autel de l’austérité.

Les Dernières Nouvelles d’Alsace
Bruxelles va-t-elle sortir le marteau ? : « Le programme de la gauche visant à redonner du pouvoir d’achat aux Portugais suscite certes des inquiétudes en Europe, mais pour Bruxelles, la situation au Portugal n’est pas comparable à celle de la Grèce après l’arrivée au pouvoir de Syriza, car Antonio Costa s’est engagé à respecter les règles budgétaires européennes ».

Marianne
Reste que les mesures promises ne sont pas faites pour réchauffer le cœur des austères. Notamment « les garanties que de nouvelles coupes n’interviendront pas dans les pensions de retraite, ni dans le Smic qui devrait augmenter graduellement dès 2016 (530 euros mensuels au 1er janvier 2016 contre 505 euros sans le 13e mois actuellement) pour atteindre les 600 euros en 2019. Les salaires des fonctionnaires devront également revenir progressivement à leur valeur initiale. Les privatisations seront elles-aussi freinées, comme celle de la compagnie aérienne nationale, la TAP. Des mesures symboliques, accompagnées par un paquet social incluant, entre autres la baisse de la TVA, dans les secteurs comme la restauration, ou encore dans le domaine de l’Education, la baisse du nombre d’élèves par classe, la baisse des prix exorbitants des manuels scolaires etc. Ainsi l’austérité telle que l’a connue le Portugal vit-elle paisiblement ses dernières heures... ».

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante