Pour Bruxelles, le « droit des citoyens » n’inclut pas celui des travailleurs

Actualités par Evelyne Salamero

Donald Tusk, président du Conseil européen, présente la lettre signée par Theresa May pour la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE. Bruxelles, le 29 mars 2017. © Ye Pingfan /XINHUA-REA / XINHUA-REA

Après l’adoption des orientations générales pour la négociation du Brexit par les dirigeants des 27 États membres de l’UE le 29 avril, la Commission européenne a présenté le 3 mai des recommandations plus détaillées. Le droit des citoyens, c’est notre priorité, a déclaré Michel Barnier, négociateur en chef du Brexit, évoquant les droits des plus de 4 millions d’Européens qui vivent au Royaume-Uni ou de Britanniques qui vivent dans l’UE. Mais si parmi ces droits dérivés du droit européen, dont l’UE exige le maintien par le Royaume-Uni, figure celui de l’accès au marché du travail, en revanche Bruxelles ne fait aucune mention du droit du travail, déplore la confédération syndicale TUC (lire interview d’Elena Crasta).

Et l’austérité, elle, continue

Bruxelles veut par ailleurs que le Royaume-Uni honore tous les engagements qu’il a pris en tant que membre de l’Union, dans le cadre financier pluriannuel 2014-2020. Depuis un an, le TUC revendique que le gouvernement ne fasse pas payer le coût budgétaire du Brexit aux salariés et à la population la plus vulnérable, d’autant que la cure d’austérité de ces dernières années a été particulièrement drastique. Mais le budget 2018 adopté en mars par le gouvernement britannique aggrave au contraire les choses. La préoccupation de la confédération syndicale britannique reste donc plus que jamais à l’ordre du jour. 

 

Focus : La main-d’œuvre peu qualifiée première cible du dumping social
Selon une étude sur les conséquences d’une concurrence déloyale de la part du Royaume-Uni, publiée par le TUC le 5 mai, le dumping social concernera principalement les secteurs où la productivité est moindre et la main-d’œuvre la moins payée, comme les services, l’hôtellerie, la restauration, le nettoyage… La pression des groupes internationaux pour dégrader les conditions de travail afin d’améliorer leur compétitivité se fera là où la main- d’œuvre est la moins qualifiée.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante