Pour FO, négocier pour améliorer l’accès des handicapés à l’emploi est une priorité

Travail & Handicap par Clarisse Josselin

Les travailleurs handicapés restent en moyenne deux cents jours de plus en recherche d’emploi que le reste de la population. © Lydie LECARPENTIER / REA

Sur l’emploi des personnes handicapées, si l’on doit retenir un élément essentiel pour les mois et les années à venir, je le place sur le terrain de la négociation, a prévenu Jean-Claude Mailly, en ouverture de la journée travail et handicap. Il a rappelé que dans les ordonnances sur la loi Travail, FO a obtenu que la question de l’insertion et du maintien dans l’emploi des handicapés figure parmi les thèmes verrouillables au niveau de la branche.

La secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, avait invité, le 9 novembre, syndicats et patronat à une réunion de travail sur l’emploi des personnes handicapées, la première du genre. FO a demandé l’ouverture d’une négociation nationale interprofessionnelle sur l’emploi des travailleurs handicapés, ce qui serait une première. Et l’occasion de remettre à plat tout le modèle. L’un des thèmes à aborder serait la réforme de l’obligation d’emploi des personnes handicapées, dont le taux de chômage ne faiblit pas. La loi impose aux structures de plus de 20 salariés d’employer au moins 6 % de travailleurs handicapés. Ce taux atteint actuellement 3,8 % dans le privé et 5,3 % dans le public.

Les fonds d’insertion menacés

FO souhaite aussi pérenniser l’action des deux fonds dédiés à l’emploi des travailleurs handicapés, l’Agefiph (entreprises privées) et le FIPHFP (fonction publique), grâce à un nouveau modèle de financement.

Actuellement, les employeurs qui ne respectent pas leurs obligations d’emploi doivent leur verser une compensation financière. Or plus elles embauchent, moins les entreprises et collectivités versent de contributions. Dans le même temps, le nombre de travailleurs handicapés en poste à accompagner continue d’augmenter. Par « effet ciseau », les deux organismes voient leurs budgets dangereusement menacés. Le gouvernement a demandé un rapport sur le sujet à l’IGAS et à l’IGF, qui devraient rendre leurs conclusions fin 2017. Une nouvelle réunion doit être organisée entre Sophie Cluzel et les interlocuteurs sociaux en janvier. 

 

Le numérique n’est pas toujours synonyme de progrès
En informatique il existe des outils, par exemple des plages braille ou des synthèses vocales, qui permettent de compenser le handicap. Mais pour cela, il faut que le matériel, les logiciels et les contenus soient adaptés. L’arrivée du numérique nous a ouvert une grande autonomie, mais une grande partie des logiciels professionnels restent inaccessibles, nos outils plantent, a regretté Édouard Ferrero, représentant de la CFPSAA, association pour la promotion sociale des déficients visuels.
Idem pour certains formats numériques, notamment le PDF, pourtant très courant. Si depuis novembre tout renouvellement des papiers d’identité se fait par Internet, rien n’est mis en place pour les handicapés visuels, ils n’y ont pas pensé, déplore-t-il. Quant aux biens d’équipement, comme les appareils ménagers, les boutons ont tendance à disparaître au profit de commandes numériques, excluant de fait les déficients visuels.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante