Renégociation Unédic : ultimes études avant de trancher

Assurance-chômage par Clarisse Josselin, Michel Beaugas

© HAMILTON / REA

L’avant-dernière séance du « diagnostic approfondi » sur l’assurance chômage s’est tenue le 8 février au siège du Medef. C’est le 15 février que les interlocuteurs sociaux décideront s’ils rouvrent ou non les négociations.

Le fonctionnement du marché du travail était au coeur de la troisième séance du diagnostic voulu par le Medef, le 8 février. Si rien de nouveau ne sort des trois documents présentés aux interlocuteurs sociaux, certaines données n’étaient pas inintéressantes pour la délégation FO.

Une étude de l’OFCE montre ainsi que la mise en place du fameux modèle économique allemand s’est accompagnée certes d’une baisse du taux de chômage, mais également d’une hausse tout aussi importante du taux de pauvreté. Ce n’est pas un modèle pour nous, résume Michel Beaugas, secrétaire confédéral chargé de l’emploi et chef de file de la délégation FO.

Le document rappelle par ailleurs qu’en matière de chômage, la France est dans la moyenne européenne. Le taux de chômage y était même inférieur à la moyenne de la zone euro en 2015, quand le taux de productivité du travail y était bien supérieur, et largement plus élevé qu’Outre-Rhin. C’est la preuve que notre système n’est pas si mauvais, souligne Michel Beaugas. L’OFCE prévoit également une baisse de l’endettement net bancaire de l’assurance chômage à partir de 2019, et une baisse du chômage, quelles que soient les règles retenues.

Un emploi en activité réduite enferme dans la précarité

Une autre analyse, présentée par le Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET), a pour sa part constaté qu’un chômeur qui accepte un emploi en activité réduite a toutes les chances de s’enfermer dans la précarité et de s’appauvrir. Selon l’étude, seuls 8 % d’entre eux décrochent un CDI. Ils sont 10 % à s’orienter vers un CDD ou une mission d’intérim. Un quart reste en activité réduite. Les autres se retrouvent au chômage ou disparaissent des statistiques.

La troisième étude, réalisée par deux économistes, Baptiste Françon et Michaël Zemmour, était intitulée « Discontinuités dans l’emploi et soutien politique pour l’assurance ». Elle constate qu’une grande majorité d’actifs, même parmi ceux qui travaillent à temps plein, ne sont pas prêts à une baisse des prestations en échange d’une baisse des cotisations. La plus de la moitié des sondés estiment aussi que les allocations chômage doivent bénéficier à tous, quel que soit le statut d’emploi.

FO souhaite un accord avant la présidentielle

Ce diagnostic s’achèvera le 15 février, avec deux dernières présentations. Il sera suivi ce même jour d’une réunion très attendue des chefs de file des délégations syndicales et patronales. C’est là qu’ils décideront ou non de relancer les négociations sur l’assurance chômage.

Le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly souhaite qu’un accord soit trouvé avant la présidentielle pour préserver le paritarisme. En effet, certains candidats, comme François Fillon et Emmanuel Macron, se montrent favorables à la reprise en main de l’assurance chômage par l’État.

La grande inconnue, c’est la position du Medef. Il avait fait échouer les discussions en juin dernier, en refusant toute taxation des contrats courts, une revendication unanime des organisations syndicales. Son comité exécutif doit se réunir le 13 février pour en décider.

Si le patronat se montre favorable à une reprise des négociations, les interlocuteurs sociaux établiront immédiatement un calendrier. FO souhaite également que soit abordée la question de la méthode. Dans le cas contraire, le Medef pourrait proposer de poursuivre le diagnostic partagé, histoire de gagner du temps jusqu’à l’élection présidentielle. Nous aviserons alors de notre position avec le secrétaire général, mais on doit arrêter de nous mener en bateau, prévient Michel Beaugas.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

Michel Beaugas Secrétaire confédéral au Secteur de l’Emploi et des retraites