Reprise : des indicateurs qui ne font pas le printemps ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

Plusieurs indicateurs mensuels sur la consommation et le moral des ménages publiés récemment par l’Insee ont conduit le gouvernement à parler de signaux au vert pour une reprise de la croissance. La presse n’a pas entièrement partagé cet enthousiasme. Exemples.

L’Expansion
« La consommation des ménages, pilier historique de la croissance française est en très légère hausse de 0,1% en février par rapport à janvier. Il s’agit là du quatrième mois consécutifs de hausse, a annoncé ce mardi l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). » Seulement les dépenses hivernales tempèrent le chiffre : « En variation sur un mois, "le dynamisme des dépenses en énergie est compensé par un léger repli de la consommation en habillement et en automobiles", a précisé l’Insee dans un communiqué ». Bref, on a plus dépensé en chauffage qu’en vêtements. L’hiver a été rude...

L’Obs
Quoiqu’il en soit l’humeur est d’ores et déjà printanière et le vert de mise : « Après une phase de croissance nulle durant la crise des dettes souveraines, la France repartirait au vert ? "La mise en œuvre d’une politique qui permet aux entreprises de retrouver des marges et de recréer des emplois trouvera sa pleine efficacité dans le contexte de baisse du prix du pétrole, du taux de change de l’euro et des taux d’intérêt dont bénéficie la France", affirment Emmanuel Macron et Michel Sapin. » Quant au contexte de hausse des salaires, il est sans doute remisé aux calendes grecques.

Le Dauphiné Libéré
En attendant, les beaux jours arrivent. Le moment opportun pour « Positiver… C’est le mot d’ordre du gouvernement ». Et même si « la réalité des chiffres du chômage rend l’exercice difficile : en février, le nombre de demandeurs d’emploi sans activité (catégorie A) a augmenté de 12 800, pour s’établir à 3 494 400 en France métropolitaine. Et si l’on ajoute les demandeurs d’emploi en activité réduite, la hausse est de 30 400, à 5 262 500. » Et là, ça devient chaud.

Le Monde
« En France, 43 % des chômeurs sont ainsi sans emploi depuis plus d’un an, selon Pôle emploi. Un niveau record. En 2009, ils n’étaient que 30 %. Et la durée d’inactivité complète ne cesse d’augmenter : elle est aujourd’hui de 538 jours en moyenne en France, contre 391 jours il y a six ans… Les chiffres sont tout aussi inquiétants en Espagne (50 %), en Italie (57 %), en Irlande (60 %) et en Grèce (73 %). L’ennui, c’est qu’une partie de ces chômeurs longue durée ne retrouveront jamais d’emploi. En conséquence, le taux de chômage structurel, celui qui ne diminue pas, même une fois la croissance revenue, ne cesse d’augmenter depuis le début de la crise. » Les beaux jours ne reviennent pas pour tout le monde. Embêtant, si « le maintien d’un taux de chômage élevé handicape la croissance. "Tant que le nombre de demandeurs d’emploi reste élevé, il n’y a pas de franche hausse de salaires et donc, pas de véritable redémarrage de la consommation", résume Jessica Hind, chez Capital Economics ». D’autant que les coups de froid ne sont pas rares au printemps.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante