Retour à l’emploi : l’aide financière à la mobilité est déterminante

Étude par Valérie Forgeront

Pôle emploi propose des aides à la mobilité géographique pour certaines catégories de chômeurs. ©Marta NASCIMENTO/REA

Sans un coup de pouce financier de Pôle emploi, un demandeur d’emploi sur deux, bénéficiaire d’une telle aide, déclare qu’il aurait renoncé à l’obligation d’une mobilité géographique pour retrouver un travail.

Devoir se déplacer pour un entretien d’embauche, un concours, une formation ou encore avoir décroché la promesse d’être recruté par une entreprise, voilà qui devrait constituer autant de bonnes nouvelles pour un demandeur d’emploi. Le parcours de retour à l’emploi est toutefois souvent perturbé par les soucis financiers, qui peuvent venir tout remettre en cause. Ainsi, les déplacements géographiques en rapport avec une recherche d’emploi peuvent représenter des dépenses inabordables (frais de déplacement, d’hébergement, de restauration…) et contraindre la personne à renoncer à toute démarche. Une étude publiée en avril par Pôle emploi et portant sur les aides financières à la mobilité géographique que l’organisme apporte aux demandeurs d’emploi montre combien la capacité financière personnelle joue un rôle dans le scénario du retour à l’emploi. Les publics en difficulté et soutenus par ces aides à la mobilité sont les allocataires du RSA (un bénéficiaire de ces aides sur trois en 2015 contre un sur quatre en 2013), les parents isolés et les habitants de zones rurales. Par ailleurs, plus d’un bénéficiaire sur deux est un jeune de moins de trente ans.

Près de la moitié des aides soutiennent la recherche d’emploi

Plus largement, les bénéficiaires de ce coup de pouce financier sont en moyenne plus diplômés que les autres demandeurs d’emploi, 47 % d’entre eux ayant un diplôme du supérieur. Leur mobilité est davantage contrainte car les emplois qualifiés se concentrent de plus en plus dans les métropoles. Quels que soient leur âge et diplômes, 62 % à 86 % des chômeurs bénéficiaires des aides ont dû faire des concessions géographiques pour retrouver un travail. Les aides à la mobilité – 5 000 euros maximum sur douze mois – jouent ainsi un rôle déterminant de soutien, indique Pôle emploi. Quarante-six pour cent de ces aides soutiennent la recherche d’emploi, 33 % les frais annexes d’une entrée en formation, 19 % la reprise d’un emploi, 2 % la garde d’enfant pour parent isolé. Sans ces aides (pour les frais de transport en commun, l’obtention du permis ou d’un véhicule, la garde d’enfant, le logement et/ou déménagement) une personne sur deux aurait renoncé ou hésité à se déplacer, notamment les bénéficiaires du RSA. En 2015, près de 370 000 aides à la mobilité ont été attribuées à 125 000 demandeurs d’emploi. C’est 17 % de plus qu’en 2014. Six mois après l’attribution d’une aide, la moitié des personnes occupent un emploi. Pour près de 80 % de celles-ci il s’agit d’un emploi durable

 

Focus : Des soutiens qui font leurs preuves
Six mois après l’attribution d’une aide, la moitié des bénéficiaires d’un soutien à la recherche d’emploi est en emploi. Parmi eux (notamment les personnes – 38 % – qui avaient reçu une aide pour postuler à un concours), 67 % ont gardé cet emploi, 8 % en ont retrouvé un autre et 23 % sont de nouveau en recherche d’emploi. Plus largement, six mois après l’attribution d’une aide à la mobilité, les personnes en emploi occupent à 47 % un CDI et à 31 % un CDD de plus de six mois. 80 % de ces postes sont à temps plein et pour un tiers assortis de salaires supérieurs à 1 500 euros net.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante