Revenu universel : l’OFCE estime le projet irréaliste

Étude par Françoise Lambert

Le versement d’un revenu de base par l’État serait octroyé à tous les citoyens, sans conditions de ressources et sans exigence de contrepartie. © LUDOVIC / REA

L’Observatoire français des conjonctures économiques pointe un coût très élevé. Il craint que le financement du dispositif ne se fasse au détriment d’autres dépenses publiques ou sociales.

Le revenu universel, selon des modalités et des objectifs très variés, fait partie des sujets débattus dans le cadre de l’élection présidentielle. Dans une étude publiée le 15 décembre dernier, « Le revenu universel : une utopie utile ? », l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) s’est penché sur la question. Conclusion des deux économistes auteurs de la note : la mise en place d’un revenu universel est irréaliste en pratique, en raison d’un coût très élevé.

Un minimum de 785 euros par mois

Pour les deux chercheurs, Guillaume Allègre et Henri Sterdyniak, ne pas dégrader la situation des actuels bénéficiaires des minima sociaux impliquerait de fixer le minimum du revenu universel à 785 euros par mois pour un adulte – 1 100 euros par mois pour les plus de 65 ans, les personnes handicapées et 315 euros pour les moins de 18 ans. Un tel dispositif coûterait 588 milliards d’euros, soit (compte tenu des économies de prestations réalisables) des dépenses supplémentaires de l’ordre de 480 milliards, 22 points de PIB ou encore 35 points de CSG, écrivent-ils.

Avec un montant mensuel de 1 000 euros par adulte, soit le seuil de pauvreté, et 300 euros par enfant, le coût du dispositif passerait à 674 milliards d’euros par an.

Le revenu universel remplacerait, dans ces hypothèses, les prestations familiales, le RSA, la prime d’activité et les allocations logement. Mais les prestations d’assurances sociales (retraite, chômage), l’Assurance maladie, les prestations d’aide à la garde des enfants devraient être maintenues, estiment les auteurs de l’étude.

Les économistes de l’OFCE soulignent le risque que le financement du revenu de base ne s’effectue au détriment d’autres dépenses publiques ou sociales.

Fin 2014, 4,1 millions de personnes percevaient un minimum social en France, soit 7,1 millions de bénéficiaires en prenant en compte les personnes à charge, enfants ou conjoints.

Pour combattre la pauvreté, les chercheurs de l’OFCE privilégient deux pistes de réforme. Ils estiment préférable d’alléger fortement les conditions et les formalités d’obtention du RSA, et éventuellement d’allouer un RSA majoré aux personnes en voie d’insertion ou, à l’inverse, pour celles qui n’ont pas la capacité de retrouver un emploi.

Ils se prononcent par ailleurs pour la mise en place, via une politique de relance économique, du droit de chacun à avoir un emploi. Un droit qui figure à l’article 5 du préambule de la Constitution de 1946. 

Focus : Qu’est-ce que le revenu universel ?
Le principe du revenu universel, aussi appelé revenu de base, revenu d’existence ou allocation universelle, réside dans le fait de verser à tous un revenu mensuel d’un montant équivalent. Ce revenu est délivré par l’État sur une base individuelle, sans conditions de ressources et sans exigence de contrepartie. La possibilité est donnée de cumuler cette ressource avec d’autres, comme celles issues d’un emploi.

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante

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