Revue de presse : En France, on manque de blé

Société par Michel Pourcelot

La baisse marquée de la production de blé en France a trouvé un fort écho dans les médias français, d’autant qu’il s’agit d’une céréale qui, pourtant grandement aux mains des grands céréaliers, est toujours profondément enracinée au cœur de la culture française. Au point de se fixer, au figuré, dans le langage populaire.

Le Monde

« Ils ont longtemps été les seigneurs de l’agriculture. Cette année, les céréaliers français vont se retrouver en difficulté. La faute à une moisson catastrophique. En moyenne, le rendement ne devrait pas dépasser 5,5 tonnes de blé à l’hectare, selon les estimations présentées mardi 9 août par le cabinet Agritel. Soit une chute de plus de 30 % par rapport à la récolte 2015, plutôt bonne, et de 26 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. "Il faut remonter à 1983 pour trouver un rendement aussi bas", précise Michel Portier, céréalier dans l’Oise et directeur d’Agritel ». Un peu juge et partie.

Sciences et avenir

Coïncidence : les céréaliers ont été vent debout contre « l’interdiction des insecticides de la famille des néonicotinoïdes, utilisés dans l’agriculture et considérés comme tueurs d’abeilles. Cette question, été intégrée à l’Assemblée au cours du débat parlementaire par certains députés de gauche avec une forte mobilisation de l’opinion, a été vivement combattue par certains agriculteurs (céréaliers et betteraviers) et industriels tout au long du parcours législatif. Au fil des débats, le Sénat et la droite, initialement opposés à toute date d’interdiction, s’étaient ralliés à une interdiction en 2020 ou 2021. Mais les députés ont finalement maintenu mercredi une date d’interdiction en 2018 avec des dérogations possibles jusque 2020 là où il n’y a pas de produits ou de méthodes de substitution disponibles ». A l’heure des dérogations, il n’est pas inutile de crier famine rapidement.

La Tribune

D’autant que le blé ne va plus valoir grand-chose : « Les prix mondiaux du blé s’effondrent car la récolte 2016 s’annonce exceptionnelle dans la plupart des grands pays producteurs, sauf en France. A la Bourse de Chicago, les cours du blé américain étaient proches en ce début de semaine des plus bas niveaux constatés depuis dix ans. A Paris, les prix sur Euronext sont en-deçà de 170 euros la tonne ».

Ouest-France

Catastrophe nationale : « la France va perdre sa place de premier exportateur européen de blé ». De plus, « La France, cinquième producteur mondial de blé, est en forte concurrence avec les États-Unis (3e producteur), la Russie (4e) et le Canada (6e) pour vendre son blé sur les marchés internationaux. "Nous avons des concurrents y compris intra-communautaires", rappelle toutefois M. Portier en indiquant qu’un client français a acheté récemment un bateau de blé roumain, moins cher d’une vingtaine d’euros la tonne que le blé français ». Décidément, pour une tonne de blé, on n’a plus rien.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante