Royaume-Uni : forte discrimination raciale sur le marché du travail

International par Evelyne Salamero

InFOgraphie : F. Blanc (CC BY-NC 2.0)

Les travailleurs britanniques noirs, asiatiques et appartenant à une minorité ethnique sont un tiers de plus que les autres à être concernés par la précarité, alerte la Confédération syndicale TUC.

La précarité s’est aggravée pour l’ensemble des travailleurs du Royaume-Uni ces sept dernières années. Elle en concernait 3,2 millions en 2016, soit 11% de plus en moyenne qu’en 2011. Ils sont embauchés sous des contrats temporaires ou zéro heure [1] ou sont des travailleurs indépendants qui gagnent très peu, c’est-à-dire moins que le salaire minimum national [2].

Les plus touchés sont les travailleurs appartenant à la population dite BAME au Royaume Uni —Black, Asian Minority Ethnic— [3] : on en compte un tiers de plus que les travailleurs blancs.

Un sur treize est employé sous contrat temporaire ou contrat zéro heure, contre un travailleur blanc sur vingt, selon un rapport publié le 2 juin par la confédération syndicale TUC. Les salariés noirs sont particulièrement touchés : un sur huit travaille sous un de ces contrats précaires.

Les salariés noirs sont les plus touchés

Les salariés noirs sont aussi tout particulièrement concernés par la multiplication des contrats précaires de ces dernières, avec une hausse de 58% des contrats temporaires les concernant contre une hausse de 8% pour les salariés blancs.

Les femmes noires sont les plus affectées : elles sont 82% de plus qu’en 2011 sous contrat temporaire, alors que la hausse a été de 37% pour les hommes noirs.

Face à un chômage qui concerne aussi davantage les minorités, avec un taux d’emploi de 64,2% seulement contre 76,1% pour les salariés blancs, l’auto entreprenariat se développe beaucoup parmi ces travailleurs, en particulier parmi les Pakistanais, qui représentent 23,4 % du travail indépendant total, et les Bangladais (20,3%).

Le TUC veut une stratégie nationale contre le racisme sur le marché du travail

Les travailleurs noirs, asiatiques et appartenant à une minorité ethnique sont coincés dans des emplois sous-payés et précaires. Et cela empire […] La précarité de l’emploi doit être en haut de la liste des questions à traiter pour le prochain gouvernement, a déclaré le 2 juin Frances O’Grady, secrétaire générale du TUC, qui se prononce pour une réelle stratégie nationale pour affronter le racisme sur le marché du travail.

Le TUC revendique notamment l’abrogation des contrats zéro heures, l’instauration de contrôles réguliers pour en finir avec le faux statut d’indépendant, la garantie d’une égalité de traitement entre les intérimaires et les salariés permanents et la publication par les employeurs de statistiques annuelles sur la composition ethnique de leurs effectifs, intégrant les flux de recrutement et les salaires.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

Notes

[1Avec un contrat zéro heure, le salarié doit rester à disposition de l’employeur sans que celui-ci n’ait l’obligation de lui garantir une durée du travail quelconque, ni par conséquent un salaire. Il ne s’agit pas d’une forme d’emploi nouvelle, mais d’une clause qui peut s’appliquer à n’importe quelle relation d’emploi. Depuis 2014, le gouvernement britannique considère qu’un chômeur est tenu d’accepter un contrat zéro heure sous peine de voir son indemnité chômage suspendue.

[2De source gouvernementale, les travailleurs indépendants au Royaume-Uni gagnent en moyenne par an 60% du salaire moyen annuel dans leur catégorie. Selon une étude récente également citée par le TUC, 45% des travailleurs indépendants âgés de 25 ans ou plus (1,7 million d’individus) gagnent moins du salaire minimum national (7,20 livres de l’heure).

[3Les membres des « minorités ethniques » sont des personnes (polonais, espagnols, portugais, italiens par exemple) autres que les autochtones et les personnes d’une « minorité visible » (noirs, asiatiques…)