Sans la forte hausse de l’intérim, en 2016 l’emploi aurait reculé dans l’industrie et la construction

Emploi par Nadia Djabali

Signe d’une reprise économique ou d’une plus grande précarité des emplois salariés ? Après sept trimestres consécutifs d’augmentation de ses effectifs, le secteur de l’intérim a enregistré une forte hausse fin 2016.

Avec un peu plus de 658 000 intérimaires en France à la fin du 4e trimestre 2016, l’emploi intérimaire a connu une augmentation de 7 % par rapport à la fin du trimestre précédent, après +4,9 % au 3e trimestre. Au total, sur l’année 2016, l’emploi intérimaire a augmenté de 13,1 % (+76 100 intérimaires), après une hausse de 9,2 % en 2015. Cette forme particulière d’emploi représente 3,6 % des salariés du privé.

On retrouve également cette croissance de l’emploi intérimaire lorsqu’on transforme les mesures en équivalent temps plein. Cette hausse du volume suit une courbe ascendante depuis huit trimestres consécutifs (+21,9 % depuis fin 2014).

Un niveau inégalé depuis 2008

Parmi les conclusions les plus importantes de la Dares, le bureau d’étude du ministère du Travail : sur un an, l’emploi intérimaire contribue au redressement de l’emploi salarié. Hors intérim l’emploi recule dans l’industrie (-0,2 %) et augmente lorsqu’on intègre l’intérim (+0,4 %). Même phénomène dans la construction où l’emploi salarié recule (-0,2 %) et augmente lorsqu’on intègre les chiffres de l’intérim (+0,3 %).

Ce niveau d’emploi des intérimaires n’avait pas été atteint depuis le premier trimestre 2008. A l’époque, le nombre d’intérimaires s’élevait à un peu plus de 667 000 équivalents temps plein. Puis a suivi une longue période de vaches maigres consécutive à la crise des subprimes. Le niveau le plus bas a été atteint au troisième trimestre 2009 avec 453 600 équivalents temps plein en intérim.

La forte hausse est perceptible dans l’industrie (+7,2 %, après +4,2 % en 2015), dans la construction (+6,1 %, après +6,8 %) et dans le tertiaire (+7,4 %, après +4,7 %).

Le plus gros pourvoyeur d’emplois : l’industrie

En volume de personnel, l’industrie, qui a fait appel à 284 000 intérimaires, tient la dragée haute aux deux autres secteurs. Elle totalise 43 % des effectifs de la fin 2016. Puis vient le secteur tertiaire avec 37,8 % des effectifs et la construction avec 18,5 % des effectifs.

C’est dans le secteur des services que la hausse est la plus importante (+16,7 %), puis vient la construction (+14,6 %) et l’industrie (+9,5 %).

Que signifie cette augmentation ? Pour de nombreux organismes, l’intérim fait office d’indicateur de la conjoncture économique. Une variation du nombre d’intérimaires préfigure avec quelques mois d’avance, celle de la situation économique.

Des missions de moins de deux semaines en moyenne

De 33 600 personnes en 1962, l’effectif annuel de travailleurs intérimaires est passé à environ 100 000 en 1975. Aujourd’hui, il s’élève à 658 500 soit un effectif multiplié par 23 depuis le début des années 1960.

En 2016, les missions duraient en moyenne 1,9 semaine avec un pic de 2,8 semaines dans la construction et de 2,5 semaines dans l’industrie. Dans le tertiaire la moyenne est de 1,4 semaine.

Nadia Djabali Journaliste à L’inFO militante