Réforme du code du travail - Jean-Claude Mailly : « L’ordonnance n’est qu’un outil »

Courrier Picard le 2 juin 2017 par Jean-Claude Mailly

Dans un gymnase Raymond-Briard plein à craquer, avec 300 délégués syndicaux venus de tout le département, l’Union départementale de l’Oise de Force Ouvrière, dirigée par Gérard Leroy, a tenu son 31e congrès, vendredi, à Beauvais. Avec comme invité de marque, Jean-Claude Mailly, secrétaire général, au plan national, du syndicat. Courrier Picard

Jean-Claude Mailly, vous êtes toujours opposé à la loi Travail de Myriam El Khomri. Quelle est votre position sur le projet d’Emmanuel Macron de réforme du Code du travail, qui veut aller encore plus loin ?

Plus loin que la loi El Khomri, je n’en sais rien pour le moment. Pendant la campagne électorale, il a été dit un peu tout et son contraire. Pour l’instant, il y a une vraie concertation. On a vu le président, le Premier ministre, la ministre du Travail. Le 23 mai, j’ai dit à Emmanuel Macron : « Vous avez une responsabilité. Socialement, voulez-vous passer en force, sans écouter, auquel cas, il y aura des tensions à la rentrée ou alors voulez-vous passer vos textes avec une vraie concertation, en tenant compte de ce que les syndicats disent ? À vous de choisir. »

Que pensez-vous des ordonnances, qui évitent les débats au Parlement ?

L’ordonnance n’est qu’un outil. Si on est d’accord, ça ne pose pas de problème. En revanche, si elle est utilisée pour passer en force, non. Au début, la réforme devait passer au mois d’août. Elle a été décalée en septembre. Ça va dans le sens de davantage de concertation.

Les syndicats sont-ils sur la même longueur d’onde ?

Oui, c’est assez nouveau, par exemple sur la nécessité de maintenir les conventions collectives nationales. Le gouvernement en tiendra-t-il compte, ou pas ? Pour l’instant il en donne l’impression. Est-ce sincère, est-ce de la communication avant les élections législatives ? On verra.

Quel est le calendrier ?

Une loi d’habilitation va passer au Parlement début juillet : le gouvernement va demander au Parlement l’autorisation de faire des ordonnances sur tel et tel thème mais sans rentrer dans les détails. Après, la concertation va se poursuivre sur le contenu des ordonnances. Vers le 20 septembre, il y aura un conseil des ministres qui arrêtera le texte des ordonnances, puis passage au Parlement fin septembre, début octobre au plus tard.

Quid de la simplification annoncée du compte pénibilité ?

Ça dépend aussi de ce que le gouvernement veut faire. L’objectif pour nous, c’est que ce soit le plus simple possible pour les entreprises, et le plus efficace possible pour les salariés.

Propos recueillis par Denis Desbleds

 Voir en ligne  : Courrier Picard

Jean-Claude Mailly Ex-Secrétaire général de Force Ouvrière

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