Taxis/VTC/Loti : il faut protéger les travailleurs

Emploi par Clarisse Josselin, FO UNCP

Le syndicat des employés des transports publics de personne FO-ETPP a rejoint le 11 février la mobilisation des chauffeurs de VTC/Loti Porte Maillot à Paris. Il craint le disparition de 10 000 emplois directs dans la branche si le gouvernement met en application les mesures annoncées aux taxis. Photographie : FO-ETPP

Le médiateur nommé par Manuel Valls doit rendre dans les prochains jours ses propositions pour sortir des conflits à répétition entre taxis, VTC et Loti. La fédération des Transports FO/UNCP, implantée dans les différents secteurs, veut mettre tout le monde autour de la table pour lutter contre la paupérisation grandissante des salariés.

« Dans l’univers du transport public de personnes, c’est l’anarchie la plus totale, qui débouche sur la paupérisation des salariés, quel que soit l’employeur », déplore Patrice Clos, secrétaire général de la fédération des Transports FO-UNC dans un communiqué daté du 10 février.

Il a appelé le médiateur nommé par Manuel Valls fin janvier à organiser en urgence une table ronde réunissant l’ensemble des organisations syndicales représentatives de ces salariés et les trois ministères concernés (Intérieur, Bercy, Transports).

Ces dernières semaines, les taxis, VTC et Loti ont organisé plusieurs manifestations et s’affrontent sur un marché de plus en plus concurrentiel avec l’apparition de plateformes low cost du type Uber.

Défendre les conditions de travail de tous les conducteurs

« Le gouvernement a laissé faire les Loti, les plateformes ont ouvert une brèche, il faut tout mettre à plat pour traiter la question des salariés, quel que soit l’employeur, poursuit Patrice Clos. Il faut que les plateformes arrêtent de se gaver sans payer de charges en France. Et le vrai problème, c’est de trouver une solution pour payer les licences des taxis. »

Le médiateur, qui a reçu les 9 et 10 février les organisations syndicales du secteur, doit remettre un « plan d’action » aux cabinets ministériels concernés dans les prochains jours. Il aurait des pistes pour redonner de l’activité aux Loti sans réactiver la colère des taxis.

Du 26 au 28 janvier, le syndicat FO Taxis avait appelé à la grève avec l’intersyndicale pour dénoncer la concurrence déloyale des VTC et des Loti. « On défend les conditions de travail de tous les conducteurs, qu’ils soient salariés ou artisans taxi, pour nous ce sont tous des ouvriers du moment qu’ils n’ont pas d’employés », précise Nordine Dahmane, secrétaire général de FO Taxis.

Le syndicat FO Taxis a appelé les chauffeurs à se mobiliser le 26 janvier contre la concurrence déloyale des chauffeurs de VTC/Loti et des plateformes numériques du type Heetch. Ici devant le ministère des Finances. Photographie : F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0

FO Taxis revendique une compensation du préjudice financier

Il a trois revendications principales. Premièrement, l’application de la loi Thévenoud d’octobre 2014 qui encadre l’activité des taxis et autres VTC.

Deuxièmement, en finir avec le détournement de la Loti, normalement dédiée au transport collectif. « Ces chauffeurs ne doivent pas travailler avec les applications qui ne peuvent pas garantir le respect de la loi », poursuit Nordine Dahmane.

Troisièmement, compenser le préjudice financier subi par la profession, notamment via une baisse de la TVA et la mise en place d’aides pour les chauffeurs les plus endettés par l’achat des licences. Il demande également la création d’un fonds de solidarité pour compenser la baisse du prix des licences vendues par les chauffeurs qui partent en retraite.

« Nous n’avons pas peur de la concurrence quand elle est loyale, souligne-t-il. Elle ne peut faire que du bien, elle nous a déjà permis d’améliorer la qualité de service. »

Les plateformes ont un mois pour respecter la loi

Le premier ministre Manuel Valls avait reçu les représentants des taxis le 28 janvier au soir. Il leur avait promis une stricte application de la législation en vigueur et une intensification des contrôles, notamment sur les Loti.

Il a donné jusqu’au 28 février aux plateformes numériques pour se mettre en conformité avec la loi et fournir la liste de leurs chauffeurs. A moins de mettre en place un contrôle adapté, elles pourraient avoir à se séparer des chauffeurs Loti, qui n’ont pas légalement le droit de transporter moins de deux personnes.

10 000 emplois Loti directement menacés

Le 3 février, les chauffeurs de VTC et les Loti se sont mobilisés à leur tour pour défendre l’emploi. Le syndicat FO des employés des transports publics de personnes (FO-ETPP), créé début février, a rejoint la mobilisation le 11 février.

« Notre priorité est de garantir et de pérenniser les 10 000 emplois de conducteurs directement menacés », explique Hakima Guechi, secrétaire générale du syndicat. En comptant les emplois indirects comme l’administratif ou l’entretien des véhicules, elle estime à 30 000 ou 40 000 le nombre de postes menacés.

« C’est un métier en pleine croissance, poursuit-elle. Le gouvernement a laissé faire et s’installer les capacitaires Loti sur le marché. Jusqu’à présent, tant que les papiers étaient en règle, il n’y avait pas de contrôles ni d’amendes conséquentes. Si les capacitaires Loti ne peuvent plus travailler avec les plateformes, ils mettront la clé sous la porte ».

Mettre tous les acteurs autour de la table

Le syndicat FO-ETPP a demandé au médiateur un moratoire sur la mise en demeure du 28 février et l’organisation d’une table-ronde réunissant tous les acteurs du dossier. « On peut trouver des solutions pour que tout le monde puissent travailler, mais ça va demander du temps », poursuit la secrétaire générale. L’appel à la mobilisation a été levé en attendant les annonces du médiateur.


Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

FO UNCP Transports et logistique