#TDF2017 - Le vrai-faux du Tour

Actualités par Baptiste Bouthier

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On peut remporter le Tour de France en ne gagnant aucune étape

C’est sans doute la particularité la plus déroutante pour un néophyte du cyclisme : Mais pourquoi ce n’est pas celui qui a gagné cinq étapes qui est maillot jaune ? Sur le Tour de France, ce ne sont pas les places jour après jour, sur chaque étape, qui comptent.
Ce ne fut pas toujours le cas : entre 1905 et 1912, sur les toutes premières éditions, le classement général s’établissait ainsi, par une addition des places converties en points. Mais depuis 1913 et sans discontinuer c’est le chronomètre qui est le seul juge. Autrement dit, pour gagner le Tour il faut creuser l’écart sur ses adversaires sur les terrains qui s’y prêtent le mieux, soit quasi exclusivement en montagne et sur les contre-la-montre. Les étapes de plaine sont bien moins sélectives et un sprinteur aura beau lever les bras à plusieurs reprises, cela ne lui apportera rien au général… À l’inverse, on peut donc se retrouver à gagner le Tour en ne remportant aucune étape, simplement par sa régularité au fil des trois semaines. Ce n’est néanmoins plus arrivé depuis 1990 et le troisième et dernier succès de Greg LeMond.

Si certains cols ou parcours sont boudés, c’est à cause de la caravane publicitaire

C’est une idée reçue qui a la peau dure et qui sert d’explication dans bien des cas, celui du Puy-de-Dôme par exemple, plus arpenté par le Tour depuis 1988 : le Tour éviterait certains cols parce que sa caravane publicitaire ne peut pas y passer. Sous-entendu, le business a pris le pas sur l’intérêt sportif. En fait, le Tour donne régulièrement des exemples pour tordre le cou à cette idée. On voit ainsi régulièrement des cols étroits sur le parcours de la Grande Boucle ; trop pour la caravane ? Tant pis pour elle : elle ne monte pas et prend un itinéraire bis. Sur le Tour 2015 on a même vu les lacets de Montvernier, si étroits qu’ils étaient interdits à la caravane et au public ! Bref, la caravane a bon dos.

Ce sont les sponsors qui décident de la couleur des maillots distinctifs

Maillot jaune, vert, à pois rouges, ou blanc : les quatre tenues distinctives du Tour de France portent des couleurs inscrites dans l’histoire du Tour. D’où viennent-elles ? Souvent des premiers sponsors de ces maillots… Premier apparu dans le peloton du Tour en 1919, le maillot jaune rappelait à l’époque la couleur du papier du journal L’Auto, organisateur de l’épreuve. Créé en 1953 pour le classement par points, le maillot vert a ainsi été choisi par le premier sponsor, La Belle Jardinière. En 1975 arrive le maillot blanc à pois rouges pour le classement de la montagne : pour moitié un hommage à l’ancien pistard Henri Lemoine et pour moitié une adaptation des couleurs du premier sponsor, Chocolat Poulain… Seul le maillot blanc, lui aussi attribué à partir de 1975 au meilleur jeune du classement général, est davantage associé à la symbolique de la jeunesse immaculée qu’à un sponsor quelconque. Depuis ces couleurs ont traversé les époques et sont devenues immuables : c’est aux entreprises, désormais, de s’adapter au maillot qu’elles souhaitent sponsoriser.

Ces derniers temps, le Tour favorise les grimpeurs

C’est une tendance très récente mais réelle. En 2012, le Tour comptait 101 kilomètres de contre-la-montre individuel, et Bradley Wiggins y avait creusé de tels écarts que le suspense pour la victoire finale avait été quasi nul. Depuis, les organisateurs de la Grande Boucle ont radicalement changé leur fusil d’épaule. Les chronos n’ont pas disparu, mais leurs distances ont été fortement réduites et leurs parcours souvent épicés, tel le chrono de Megève l’an dernier. À l’inverse, la montagne a repris une place centrale, avec une multiplication de cols aux pentes très difficiles et de formats différents. Illustration avec cette édition 2017, qui visite les cinq massifs de l’Hexagone et se limite à 36 kilomètres face à la montre…

Avec toutes ces étapes à l’étranger, ce n’est plus le Tour de France !

À chaque nouvelle présentation d’un parcours du Tour, ça ne manque pas : on trouve toujours des grincheux pour se plaindre que « ce n’est plus le Tour de France » parce qu’il rend visite à des pays étrangers. C’est fortement méconnaître l’histoire de la Grande Boucle, qui a très tôt rendu visite à ses voisins : l’Allemagne dès 1906, la Suisse l’année suivante, Monaco en 1939, la Belgique et le Luxembourg en 1947, etc. Ce qui est vrai en revanche, c’est que le nombre de grands départs de l’étranger, comme cette année de Düsseldorf, a crû au XXIe siècle : depuis 2001, on compte huit coups d’envoi du Tour en France contre neuf à l’étranger.

Le maillot à pois récompense le meilleur grimpeur, et le maillot vert le meilleur sprinteur

On a tendance, par facilité, à dire que les maillots vert et à pois récompensent le meilleur sprinteur et le meilleur grimpeur. C’est en réalité bien plus compliqué que cela. Dans les deux cas, le maillot vient récompenser le leader d’un classement par points. C’est donc la régularité des coureurs et leurs efforts dans la chasse aux points qui priment, et non le talent pur. On peut ainsi remporter le maillot vert mais n’avoir gagné aucune étape et donc avoir été systématiquement battu au sprint, tel Peter Sagan en 2014 et 2015. Et on peut finir loin des meilleurs sur la quasi-totalité des étapes de montagne, 44e au général final mais maillot à pois quand même, tel Anthony Charteau en 2010.

Faire partie de l’échappée matinale, ça ne sert plus à rien

À quoi bon s’échapper puisqu’on n’a aucune chance d’aller au bout ? Cette phrase, on l’entend tous les étés sur le Tour de France. Elle part d’un constat : les échappées sont bien moins souvent victorieuses de nos jours qu’il y a encore dix ans, sans même parler d’avant les années 1990. C’est vrai… mais ce ne sont pas non plus systématiquement les sprinteurs et les premiers au général qui gagnent toutes les étapes sur un Tour de France. Pour plus de la moitié des coureurs de la Grande Boucle, la seule chance de lever les bras est de prendre une échappée et d’espérer qu’elle aille au bout. Et cela arrive tous les ans – plus souvent en montagne qu’en plaine, c’est vrai. Mais si les coureurs partent battus d’avance, à quoi bon s’aligner au départ ?

Le cyclisme est un sport collectif : toutes les équipes du Tour ont un leader désigné

Un homme, un vélo, deux jambes sur une paire de pédales : à première vue, le cyclisme est le sport individuel par excellence. Mais si les premières éditions du Tour de France se couraient effectivement avec des coureurs seuls, la Grande Boucle a très vite organisé le peloton en équipes. Et depuis longtemps maintenant le cyclisme est devenu un sport collectif. Au sein d’une formation, chaque coureur connaît son rôle à l’avance, ce qu’il devra faire en plaine ou en montagne, en début ou en fin d’étape. Et, de fait, chaque équipe arrive sur le Tour de France avec un leader, voire plusieurs, et une tactique établie : cela peut être un candidat au podium ou à la victoire finale, un sprinteur à la chasse aux étapes, un coureur passe-partout candidat aux victoires de prestige, etc.