Travailler le dimanche nuit aux liens avec la famille et les amis

Société par Françoise Lambert

Le travail dominical entraîne une perte de sociabilité plus importante qu’un jour travaillé « classique » en semaine. FO l’affirme depuis longtemps, une récente étude de l’Insee vient appuyer cette thèse.

Au moment où le repos dominical est très malmené, avec notamment la loi Macron qui tend à banaliser le travail du dimanche, une étude de l’Insee vient souligner les effets néfastes du travail dominical sur les liens familiaux et sociaux.

L’Institut national de la statistique et des études économiques s’est récemment penché dans sa revue « Economie et Statistique » sur les usages du temps des personnes qui travaillent le dimanche en le comparant à celui des salariés qui ne travaillent pas ce jour là.

Un impact "très clair"

Conclusion des deux chercheurs qui ont mené l’enquête : l’impact du travail dominical sur la sociabilité est « très clair ».

Leur étude se fonde sur une enquête « Emploi du temps » effectuée par l’Insee en 2009 et 2010, laquelle confirmait que le dimanche est « avant tout le jour des loisirs ».

Beaucoup plus d’heures récréatives le dimanche

La durée des heures récréatives le dimanche représente plus du double de celle des jours de semaine – en moyenne 55 minutes contre 22 minutes en semaine hors mercredi pour les loisirs en famille et 90 minutes contre 28 minutes pour les activités avec les amis.

C’est pourquoi le travail dominical a des conséquences plus importantes que le travail les autres jours de la semaine, notamment sur le temps consacré à la famille.
« Le temps de loisir le dimanche est très majoritairement (70%) partagé avec des proches et la famille », indique l’Insee.

Perte de sociabilité parents-enfants presque multipliée par deux le dimanche

Les auteurs de l’étude ont calculé que la perte de sociabilité parents-enfants est presque multipliée par deux le dimanche par rapport aux autres jours.
Les temps de loisir avec les amis se réduisent aussi, de l’ordre de – 82%, en cas de travail dominical.

Et si un jour de repos est accordé pendant la semaine en contrepartie, celui-ci ne permet pas aux travailleurs dominicaux de compenser la perte de sociabilité.

Quid des effets à plus long terme ?

Les auteurs de l’étude posent aussi une question, selon leurs mots « souvent occultée dans les débats relatifs à l’extension du travail dominical » : Quid des autres effets à plus long terme ?

« On ne peut manquer d’être frappé par l’absence de travaux, en France tout du moins, s’attachant à approcher les conséquences du travail le dimanche sur les conditions de vie et de travail des salariés concernés », remarquent-ils.

L’Insee relève en outre que les salariés les plus concernés par le travail du dimanche sont également ceux qui sont le plus concernés par des horaires de travail atypiques pendant la semaine.

Ces salariés travaillent à des postes peu qualifiés dans l’industrie et les services et ils sont particulièrement exposés au risque de chômage. Ce qui apporte un « correctif » à la thèse selon laquelle « seuls les salariés pour qui de tels horaires de travail ne posent pas problème acceptent ces emplois ».

Autrement dit, l’immense majorité des salariés ne choisissent pas de travailler le dimanche et dans la soirée. Ils y sont contraints.

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante