Trump : l’économie selon Donald

Revue de presse par Michel Pourcelot

Après son élection à la présidence des États-Unis, le 8 novembre dernier, les différentes déclarations du candidat Trump, en particulier sur le plan économique, ont été passées à la loupe par la presse. Zooms.

Le Monde
Le président élu défend un programme fiscal empli de contradictions et de promesses sur le protectionnisme ou l’immigration, en opposition avec la doxa républicaine. “Nous allons doubler notre croissance et avoir l’économie la plus forte du monde”. Lors de son discours de victoire, [...] Donald Trump, une nouvelle fois, n’a pas fait dans la demi-mesure pour promettre monts et merveilles à ses supporteurs. Plus concrètement, le projet économique du candidat républicain vise à relancer l’activité par le déficit et la déréglementation. Il promet 3,5 % à 4 % de croissance (contre 1,8 % projeté pour 2016) en réduisant l’impôt sur les sociétés de 35 % à 15 % et en abaissant ceux pour les contribuables plus riches (la tranche la plus élevée passant de 39,6 % à 33 %), ce qui gonflerait fortement le déficit budgétaire. Il veut aussi renégocier les accords commerciaux internationaux, supprimer la loi Obamacare sur l’assurance-santé et ériger “un mur” contre l’immigration. Et on rase gratis et on construit des murs.

Libération
Nulle surprise du côté des entreprises, servies sur un plateau d’argent : au total, l’imposition des entreprises baisserait de 3 000 milliards de dollars sur dix ans, soit 1,6 point de PIB. Du brutal. En outre, l’objectif est pour le moins contradictoire, pour ne pas dire intenable selon les experts. Donald Trump veut à la fois réduire massivement les impôts et équilibrer le budget américain. Il compte y parvenir par le biais d’une baisse de la dépense publique, à l’exception des programmes sociaux et militaires. Au hasard. Selon le Comité non partisan pour un budget fédéral responsable, autant dire des “coupes drastiques” jamais vues, que Donald Trump n’a évidemment pas pris soin de détailler, à l’exception de sa volonté de geler le recrutement de fonctionnaires fédéraux. Le résultat le plus probable est que la dette publique américaine, la plus importante au monde, de l’ordre de 20 000 milliards de dollars (60 000 dollars par Américain et 105,8% du PIB), devrait continuer à se creuser dangereusement.

L’Usine Nouvelle
Et les élus dans tout cela ? Quels sont les points de convergence entre le Congrès républicain et les éléments de programme de Donald Trump ? Pour Alexandra Estiot, économiste chez BNPparibas, il y a tout d’abord la baisse de la fiscalité des ménages, réduction du nombre de tranches de revenus, abaissement des taux d’imposition mais aussi des droits de succession. L’abaissement de la fiscalité du capital, intérêts et dividendes.... A la question Est-ce que cela peut avoir un impact sur la consommation américaine ?, elle répond : Oui et a priori négatif. Car on va assister à un transfert du poids de l’impôt des plus aisés aux plus défavorisés, favorisant plus l’épargne que la consommation. La suppression de l’Obamacare aura aussi pour résultat que certains devront faire un choix entre les soins et d’autres dépenses de consommation. La dimension intéressante pour l’activité du programme du prochain président, c’est le projet d’investissements massifs dans les infrastructures. Mais pourquoi les républicains voteraient-ils cela alors qu’ils ont voté contre pendant des années ?. La non-tenue de certaines promesses pourrait bien retomber sur les hommes du Congrès...

La Tribune
Le commerce international ? Ses menaces sont sans doute proférées avec l’intention de mettre ses partenaires sous pression plutôt que d’être appliquées. Ainsi, l’application d’un droit de douane de 45 % contre les produits chinois est assortie d’un “s’ils ne se comportent pas bien” (if they don’t behave). [...] Mais s’engager dans une telle logique est un pari risqué. Les États-Unis ne sont plus tout-puissants dans la concurrence économique, loin s’en faut. A concurrence, concurrence et demie. Et la France dans tout cela ? Si des mesures directes contre les entreprises françaises sont peu à craindre, l’économie tricolore pourrait souffrir des conséquences d’un repli éventuel du dollar qui rognerait la compétitivité-prix du made in France. Cependant, Trump est tout sauf un idéologue. Pragmatique, il devrait tôt ou tard prendre la mesure des conséquences potentielles de ses déclarations enflammées de campagne. Car les affaires sont les affaires.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante