Une logique d’échec économique

Les éditoriaux du secrétaire général par Jean-Claude Mailly

Austérité ? Rigueur ? On peut discuter à l’infini pour connaître, en matière économique et sociale, la différence entre les deux, certaines publications les utilisant même comme synonymes.

Le débat est en fait d’un intérêt relatif, sauf à souligner que le mot austérité est plus révélateur de sens que rigueur, plus ambigu. Ce qui compte le plus, c’est la manière dont les deux mots sont utilisés et par qui, et le contenu de la politique économique et sociale à laquelle ils correspondent dans la réalité.

Ainsi, on se souvient qu’en 1983, au plus haut niveau de l’État, on a décidé de confirmer l’ancrage dans le système monétaire européen et que, du coup, on a mis en place une politique de « désinflation compétitive » avec gel des conventions collectives. Officiellement, à l’époque, la formule utilisée était celle de la politique de rigueur avec comme assimilation : rigueur = bonne gestion. Mais dans les faits c’était un retournement et aucune « bonne gestion » ne peut correspondre à une remise en cause de la liberté de négociation.

À l’époque, un économiste que j’ai déjà cité, Serge-Christophe Kolm, expliquait : « Une mouche sur le front, un gourdin pour tuer la mouche : plan de rigueur. »

Aujourd’hui en France, comme ailleurs en Europe, c’est bien une logique d’austérité qui est en place, logique d’ailleurs condamnée par la Confédération européenne des syndicats. Le libéralisme économique en vigueur serait intouchable et toutes les souplesses sont donc à rechercher du côté du social : salaires, conditions de travail, protection sociale, emploi ou service public.

Et c’est cette logique-là qui conduit à l’échec économique, social et démocratique.

Combattre l’austérité n’est donc pas qu’un slogan : c’est une impérieuse nécessité.

Et nous ne lâcherons pas, que ce soit sur nos analyses, nos positions, nos revendications.

Comme toujours, nous serons libres de notre comportement et indépendants. 

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Jean-Claude Mailly Ex-Secrétaire général de Force Ouvrière