Universités : la moitié des postes créés par le ministère ne voient jamais le jour

Autonomie par Evelyne Salamero

Le nombre d’étudiants ne cesse de croître et les postes d’enseignants ne suivent pas. F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0

Depuis 2008, les universités assurent elles-mêmes leur gestion budgétaire et financière, en lieu et place de l’État, et doivent de plus en plus compter sur les fonds privés. Le bilan est catastrophique.

La rentrée universitaire, qui s’étale de début septembre à début octobre, ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices que celle du premier et second degré. Le nombre d’étudiants (environ 1,5 million) a progressé de 2,5 % en 2013-2014 et de 2,1 % en 2014-2015 (+ 3,8 % dans les filières scientifiques et « sciences économiques et sociales »).

Certes le ministère affiche 3 000 créations de postes depuis 2013, dont 1 000 pour cette année. En réalité, outre que c’est insuffisant, « la moitié est gelée par les établissements, souvent sur le conseil des experts du ministère, pour réduire leur déficit budgétaire », explique Michel Gay, Secrétaire général du syndicat Supautonome FO. Un constat confirmé par un rapport confidentiel de la Cour des comptes, dévoilé par Le Monde du 26 août.

145 formations supprimées en 2014, 44 % des bâtiments vétustes ou en mauvais état

« Alors que les effectifs enseignants avaient progressé plus rapidement que les effectifs étudiants de 2001 à 2008, la dynamique s’est inversée depuis 2009 », indique la Cour, également forcée de constater que le passage à l’autonomie financière des universités dans le cadre de la réforme de 2007 a fait passer le nombre d’établissements déficitaires de 11 en 2008 à 28 en 2010. Leur nombre était retombé à 8 en 2013 selon le ministère. Mais à quel prix ? Des postes gelés, mais aussi des formations supprimées (- 145 encore en 2014), des regroupements d’établissements pour mutualiser les moyens, en clair pour partager la pénurie, et 44 % des bâtiments universitaires désormais considérés comme vétustes ou en mauvais état... L’addition est lourde. 


Focus : 50 % des étudiants sont obligés de travailler
Ouf ! Les frais d’inscription à l’université n’augmenteront pas cette année, contrairement à ce qu’avait préconisé début juillet un rapport commandé par Bercy. Mais le coût de la vie étudiante va augmenter de 1,1 % (soit cinq fois plus que l’inflation générale), selon le syndicat étudiant UNEF. La hausse atteint 8,4 % depuis 2012. 50 % des étudiants sont contraints d’exercer une activité salariée. Le salariat diminue en moyenne de 11 heures par semaine le temps consacré aux cours et aux révisions.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

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