105 morts en 4 mois : l’austérité met le feu au Portugal

Le chiffre de la semaine par Michel Pourcelot

Les 64 victimes du feu en juin et les au moins 41 en octobre ont déclenché une polémique au Portugal, où ont été mises en accusation les conséquences d’une politique d’austérité tous azimuts, particulièrement accentuée entre 2011 et 2015 par un gouvernement zélé quant aux désidératas de la Commission européenne. Ont été ainsi pointés du doigt la diminution drastique du nombre de gardes forestiers et les coupes budgétaires dans les corps des pompiers ; l’absence de Canadairs trop chers pour les comptes publics ; le manque de contrôle de l’entretien des forêts, dont quelque 95% appartient au privé ; la déréglementation opérée dans la culture d’eucalyptus, très inflammable et dont les feuilles en feu s’envolent très loin, propageant et étendant les incendies.

PPP défaillant

La plupart des victimes de juin avaient perdu la vie sur la fameuse « route de la mort », traversant des plantations de ces eucalyptus aussi rentables financièrement que gourmands en eau. De plus, le système de communication de la protection civile (SIRESP) s’était révélé défaillant. En 2005-2006, il avait fait l’objet d’un PPP, un partenariat public-privé, dont le principal objectif est d’alléger les comptes publics. Il avait déjà connu des problèmes notamment en 2013 et aurait été à l’origine de la mort de deux pompiers. Sa mise en œuvre aurait coûté 400 millions d’euros, la même somme que l’État portugais a annoncé devoir verser aux victimes. En mai 2016, le Portugal ayant atteint les 2% de PIB, la Commission européenne lui adressait ses félicitations. Désormais les condoléances seraient plus appropriées.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante

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