17 mai : la loi Travail au 49-3, ils n’en veulent pas

Loi Travail par Nadia Djabali

Manifestation pour le retrait de la Loi Travail à Paris le 17 mai 2016. F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0
Article publié dans l’action Dossier Loi Travail

Alors que grèves, barrages filtrants et opérations escargots fleurissent dans toute la France, la semaine sociale sera chargée avec deux rendez-vous les 17 et 19 mai. Ce 17 mai, les dizaines de milliers de manifestants témoignent de l’ampleur du fossé qui s’est creusé entre les salariés et le gouvernement. Et une mobilisation en hausse par rapport au 12 mai.

Défilé parisien sous haute surveillance.

Ce 17 mai, les rotors des hélicoptères et les sirènes de police ont joué leur partition assourdissante durant tout l’après-midi.
Sur l’itinéraire de la manifestation, le secteur autour de la gare Montparnasse a été bouclé et la salle des billets des stations de métro transformée en base arrière des forces de l’ordre.

Dehors, le cortège scande « 49-3, on n’en veut pas. »

Pour cette sixième journée de mobilisation, le mot d’ordre reste le même depuis plus de 2 mois : retrait de la loi Travail.

Dès l’aube, à l’appel des fédérations de transports, barrages filtrants et opérations escargots sont venus en renfort de ceux qui dénoncent le texte de loi porté par Myriam El Khomri.

Dans la matinée, François Hollande s’est exprimé pendant une heure sur les ondes d’Europe 1 : « Je ne céderai pas sur la réforme du travail », a-t-il indiqué aux journalistes. Pour lui, la loi a été « discutée, concertée, corrigée et amendée ».


Mélinda, 35 ans : « Le président doit tenir compte de ce qu’il se passe dans la rue »

Mélinda. Photo : F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0

Une position que ne partage pas Melinda : « Le président serait bien inspiré de tenir compte de ce qui se passe dans la rue. », conseille-t-elle. Chacun son rôle ajoute cette enseignante de 35 ans : François Hollande est dans le sien quand il fait de telles déclarations. Mais du côté de la rue, la revendication reste le retrait.
« Les déclarations du président de la république ne changent pas grand-chose sur la détermination des manifestants qui défilent aujourd’hui partout en France. »


Dalila : « Nous ne sommes pas au temps de la royauté »

Dalila. Photo : F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0

Un peu plus loin dans le défilé, Dalila 61 ans, arbore une chasuble et un chapeau FO pour annoncer la couleur : « si François Hollande a dit qu’il ne céderait pas, nous, de notre côté on ne lâchera rien non plus. »
Concernant les débordements en marge des manifestations elle reste philosophe : « des débordements, il y en a toujours eu. Mais quand on regarde bien, ils proviennent de jeunes qui savent que leur avenir est complètement bouché. Comment dans ces conditions construire une vie, avoir des enfants, un logement, un boulot ? »
Quant au recours au 49-3, Dalila considère que l’heure est grave car le gouvernement est complètement déconnecté du terrain. Avant de lancer « Nous ne sommes pas pas au temps de la royauté, on ne peut plus accepter ce genre de chose. »


Joël : « Une question d’honneur ? »

Joël. Photo : F. Blanc / FO Hebdo - CC BY-NC 2.0

« C’est inacceptable d’avoir utilisé le 49-3 après toutes ces discussions. C’est une honte », s’exclame Joël, 54 ans. Son analyse de la situation : le gouvernement ne pourra pas faire marche arrière car il en fera une question d’honneur. Mais rien ne l’empêche de ne pas publier les décrets d’application. « Cela pourrait se passer comme lors de la mobilisation contre le CPE. »

L’affaiblissement ce n’est pas maintenant !

Ce 17 mai des actions diverses avaient lieu dans les départements. Appui aux barrages routiers dans le Nord et l’Ouest par exemple, manifestations dans les centres villes à Marseille, Lyon, Privas, Valence, Rennes, Thouars dans les Deux-Sèvres, Annecy, Roanne et St Étienne ou encore rassemblements comme à Mende en fin d’après midi sur la place du Foirail, à Laval, blocage de carrefours routiers à Beauvais...

Au total, plus de manifestants que le 12 mai dernier selon les chiffres "officiels" donnés par l’AFP.

Le 19 mai, au-delà des défilés organisés dans toute la France, barrages filtrants et blocages seront également au menu cette 7e journée de mobilisation.


Nadia Djabali Journaliste à L’inFO militante

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