1830 : Les Trois Glorieuses

Histoire par Christophe Chiclet, L’inFO militante

La liberté guidant le peuple. Eugène Delacroix

Après le congrès de Vienne de 1815, une chape de plomb réactionnaire s’abat sur l’Europe. Mais quinze ans plus tard un vent révolutionnaire va changer la donne, en particulier en France.

Charles X, le dernier frère de Louis XVI, monte sur le trône en 1824. C’est un royaliste réactionnaire forcené qui s’entoure de ministres du mouvement des Ultras comme le prince Polignac, nommé au ministère de l’Intérieur.

Le 25 juillet 1830, le roi signe quatre ordonnances : dissolution de la chambre, censure de la presse, collèges électoraux réduits, suffrage censitaire renforcé. Le lendemain, elles paraissent dans Le Moniteur, pendant que le roi chasse à Saint-Cloud. Mais la bourse baisse et les journaux annoncent qu’ils vont résister à la censure. Depuis quelques années, les bourgeois libéraux sont en contact avec les milieux républicains parisiens.

Le 27, les étudiants et les typographes manifestent dans les rues. Des patrons ferment leurs ateliers et engagent leurs ouvriers à rejoindre cette agitation. Les premières barricades s’élèvent dans l’Est parisien. Le 28, le maréchal Marmont envoie quatre colonnes place de la Bastille. Mais les rues sont étroites et les insurgés disposent des fusils de la garde nationale dissoute en 1827. L’armée doit se replier sur les Tuileries.

Le 29, les révoltés prennent les Tuileries et Marmont se replie sur Saint-Cloud. Les députés libéraux forment une commission municipale et placent à la tête de la garde nationale reconstituée le vieux et populaire La Fayette. Les partisans du duc d’Orléans rédigent une proclamation en sa faveur. Le 31, le duc, en uniforme de la garde nationale, se rend à l’Hôtel de ville où La Fayette lui donne l’accolade devant la foule enthousiaste. Charles X abdique et s’exile en Angleterre où il mourra six ans plus tard.

Le 7 août, Louis-Philippe devient « roi des Français » et non plus « roi de France ». C’en est fini de la dynastie des Bourbon. Mais les Républicains et les Socialistes ont raté le coche. Il faudra attendre encore dix-huit ans ! Les trois glorieuses ont été immortalisées par le tableau de Delacroix avec cette révolutionnaire au sein nu sur une barricade et la colonne de la Bastille sera élevée en souvenir de ces journées.

L’Europe aussi

En 1830, la Serbie et la Grèce se débarrassent du joug ottoman. En 1832, l’indépendance grecque est reconnue par les Puissances qui vont lui imposer un roi bavarois. En août 1830, les libéraux belges se soulèvent contre le roi absolutiste hollandais Guillaume Ier d’Orange. La séparation de la Belgique et des Pays-Bas est officialisée en décembre 1830.

Entre 1830 et 1833, les Cantons suisses passent sous le contrôle des libéraux qui chassent l’aristocratie locale. C’est la fameuse « régénération helvétique ». Au Portugal le roi Miguel qui a rétabli l’absolutisme en 1828 est chassé par le libéral Pedro en 1832, avec le soutien de Londres et de Paris. En 1834, l’Espagne bascule à son tour dans la monarchie constitutionnelle libérale.

Sous le joug russe, Varsovie se soulève le 29 novembre 1830, mais les nobles polonais ne rejoignent pas la révolte qui sera finalement écrasée. L’état de siège est proclamé, l’université de Varsovie fermée, des milliers de révoltés bannis ou incorporés de force dans l’armée tsariste. En Allemagne les principautés de Brunswick, Hesse, Saxe et Hanovre adoptent des constitutions libérales en 1831, rapidement réprimées par la Prusse en 1832-34.

L’agitation est plus importante en Italie soutenue par les Italiens de Paris qui ont formé la société secrète « Emancipazione italiana ». Début 1831, Modène et Parme se soulèvent contre leurs archiducs, la Romagne contre le Pape. Ce sont les troupes autrichiennes qui vont rétablir l’ordre dans la péninsule. En 1833, Mazzini et sa société secrète « Jeune Italie », tentent de renverser Charles-Albert de Piémont. Sans succès.

Quoi qu’il en soit, les événements de 1830 en France et dans une grande partie de l’Europe ont été une sorte de répétition générale du fameux « printemps des peuples » de 1848.

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération