1er mai : une nouvelle mobilisation contre le projet de loi travail

Emploi et Salaires par Valérie Forgeront

Manifestation du 28 avril 2016 pour l’abandon de la Loi Travail à Paris. Photographie : F. Blanc - CC BY-NC 2.0

Ce 1er mai 2016 sera particulièrement revendicatif en France et inscrit dans l’actualité.
Cette journée dédiée aux travailleurs –fête née en 1884 aux USA et célébrée en France depuis 1891 - constituera en effet par ses diverses actions prévues une sorte de prolongement des actions menées depuis le 9 mars contre le projet de loi Travail, notamment la dernière journée de grève interprofessionnelle et de manifestations le 28 avril.

De fait, les organisations de salariés (FO, CGT, FSU, Solidaires) et les organisations d’étudiants et de lycéens (Unef, UNL et Fidl) appellent à une nouvelle mobilisation en considérant cette journée – avant celle du 3 mai- comme un « moyen supplémentaire pour avancer » vers l’objectif du retrait du projet de loi Travail.

En ce 1er mai, « le point essentiel d’actualité est la loi Travail » confirme ainsi le secrétaire général de la Confédération FO. Alors que des secrétaires confédéraux ainsi que des secrétaires de fédérations iront à la rencontre des militants FO dans plus d’une douzaine d’unions départementales, les structures FO organisent diverses actions sur le territoire.

Manifestations et rassemblements sur tout le territoire

En Charente maritime par exemple, à l’initiative de trois unions départementales (FO, CGT et FSU) deux rassemblements sont prévus le 1er mai, dans la matinée à La Rochelle et Saintes. « Les salariés, les privés d’emplois, les retraités, les étudiants, les lycéens » sont appelés à participer « massivement » à ces actions.

Les mêmes organisations « invitent à organiser des assemblées générales dans les entreprises, services et établissements » cela « pour débattre de la grève, de son ancrage dans la durée, des modalités d’actions qui doivent permettre d’aller plus loin » jusqu’au retrait du projet de loi.

Comme dans de nombreux autres départements, dans la Sarthe à Sablé, les militants des organisations FO, CGT, FSU et Solidaires défileront ensemble ce 1er mai contre le projet de la ministre du Travail, Mme El Khomri. Ce n’était pas arrivé depuis 2010, année d’une lutte syndicale contre la réforme de retraites.

Pour l’Union départementale FO de Paris « la lutte pour obtenir le retrait du projet de loi Valls-Gattaz (Medef)-Berger (CFDT) se poursuit et s’amplifie » et cela passe bien évidemment par des actions en ce 1er mai.

En Haute Loire, l’Union départementale FO qui organisera le matin une manifestation unitaire au Puy en Velay avec les organisations CGT, FSU et Solidaires rappelle que depuis le 19e siècle, les syndicalistes se sont toujours battus pour les droits des salariés le 1er mai. Certains ont même été assassinés pour cela, tels les mineurs grévistes qui ont subi une fusillade à Fourmies en 1891.

Les luttes syndicales ont permis d’obtenir « la journée de huit heures, les congés payés, la sécurité sociale, la réduction du temps de travail, les statuts, les conventions collectives, le code du travail ». Or s’indigne l’UD-FO « en 2016, avec le Medef, le gouvernement prétend imposer la loi El Khomri qui mettrait en l’air toutes ces conquêtes. »

A Paris, de Bastille à Nation

A Paris, quatre Unions régionales d’Ile-de-France (FO, CGT, FSU et Solidaires) ainsi que trois organisations de jeunesse (Unef, Fidl et UNL) ont programmé une première mobilisation le 1er mai à 10 heures devant le mur des Fédérés (cimetière du Père Lachaise). Chaque organisation prendra alors la parole.

A 11h30, un apéritif républicain sera organisé place Gambetta. Les habitants de l’arrondissement sont conviés à rejoindre les organisations.

Pour ce 1er mai parisien, les quatre Urif et les organisations de jeunesse ont prévu aussi une grande manifestation l’après-midi à 15h, de la place de la Bastille à celle de la Nation.

De la tolérance à la répression… quelques 1er mai dans le monde

Très revendicatif en France et axé sur la lutte contre le projet de loi Travail, ce 1er mai traduira aussi dans de nombreux autres pays la lutte souvent violemment réprimée des travailleurs. Parmi ces pays…

En Iran, des salariés et défenseurs des droits de l’homme de Sananjaj (Kurdistan iranien) ont organisé des rassemblements dès ce 22 avril. Ils demandent d’abord la liberté d’expression mais aussi entre autres des augmentations de salaires et le versement de salaires impayés depuis des mois.

La CSI rappelle les principes de la justice sociale

A Madagascar, où les syndicats de salariés annoncent des manifestations pour un 1er mai de « colère » contre les infractions récurrentes au code du travail notamment, les salariés du privé et les fonctionnaires assuraient quelques jours avant ce 1er mai qu’ils feraient fi des difficultés d’organisation de manifestations.

Pris en décembre dernier et toujours non abrogé un arrêté ministériel interdit en effet l’organisation de manifestations…

Au Maroc où le « dialogue social » entre les syndicats et le gouvernement est actuellement difficile dans le cadre de discussions sur une réforme des retraites, sur une hausse des salaires ou encore sur une modification de la fiscalité sur les revenus, les syndicats prévoyaient d’organiser des manifestations.

En Algérie où des dizaines de milliers d’enseignants contractuels luttent actuellement pour le droit à être recrutés par la fonction publique, les organisations de salariés dont l’UGTA célèbreront aussi la fête des travailleurs.

En ce 1er mai, la Confédération syndicale internationale (CSI) qui regroupe 333 confédérations syndicales affiliées dans 162 pays, représentant 180 millions de travailleurs dans le monde, déclare que « nombreux sont ceux qui participeront à des marches au nom de la liberté et contre les conflits et l’esclavage, se rassembleront en faveur de la justice pour les réfugiés, défendront fermement des salaires minimums vitaux et la négociation collective et s’opposeront à l’avidité des entreprises, réclameront une justice climatique et accueilleront les réfugiés. Tels sont les principes fondamentaux de l’égalité et de la justice sociale qui inspirent les actions des syndicalistes chaque jour ».


Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

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