28 avril : les salariés toujours aussi mobilisés contre la loi Travail

Emploi et Salaires par Nadia Djabali

Manifestation du 28 avril 2016 pour l’abandon de la Loi Travail à Paris. Photographie : F. Blanc - CC BY-NC 2.0
Article publié dans l’action Dossier Loi Travail

Plus de 200 cortèges dans toute la France, ce jeudi 28 avril. 20 000 manifestants à Nantes, 15 000 à Lyon, 12 000 à Toulouse, 8 000 au Mans et 3000 en Charente Maritime. Plusieurs dizaines de milliers également à Paris. Au deuxième mois de mobilisation et à la veille de l’examen de la loi Travail par le Parlement, les salariés du public et du privé continuent de répondre « présents » à l’appel de la journée de grève et de manifestations lancée par FO, la CGT, la FSU, Solidaires, l’Unef, la Fidl et l’UNL.

Dans le carré de tête de la manifestation parisienne, Jean-Claude Mailly répond aux questions des journalistes. L’un des éléments clé de son discours : ne pas inverser la hiérarchie des normes. « Il faut regarder ce qui se passe ailleurs », conseille-t-il. « Il y a une dizaine d’années, les Allemands ont procédé à leur manière à une décentralisation des négociations collectives. Aujourd’hui, ils reviennent en arrière en créant des procédures d’extension, et un Smic et en redonnant du pouvoir à la branche. Ce serait bien qu’on n’ait pas 10 ans de retard en France. »

Catherine : « Cette loi, c’est tout benef’ pour les grandes entreprises de l’assistance. »

Photographie : F. Blanc - CC BY-NC 2.0

A quelques encablures du carré de tête, les cortèges FO reconnaissables à leurs ballons rouges. Catherine, 51 ans, salariée dans le secteur de l’assistance aux automobilistes. Elle est venue soutenir sa famille qui est juste devant et qui tient la banderole. Son fils de 16 ans défile avec les lycéens. « Moi, je suis une ancienne dans ma boîte, donc je suis encore relativement une privilégiée. Je vois tout ce qu’on est en train de perdre. Grâce aux lois Macron, mes employeurs ont modifié plein de choses dans l’entreprise. Ils ont modifié tous les plannings des temps partiels. » Catherine explique que dans le passé un salarié passait en CDI au bout de deux CDD. « Maintenant ils font des CDD de deux ans, regrette-telle. Un chargé d’assistance est opérationnel en une semaine, ce qui veut dire qu’ils peuvent me remplacer à tout moment. Cette loi, c’est tout benef’ pour les grandes entreprises de l’assistance »

Christian : « Les représentants du personnel ne pourront plus défendre personne. »

Photographie : F. Blanc - CC BY-NC 2.0

Christian, 40 ans est comptable dans une agence d’intérim. Il fait grève aujourd’hui pour protéger l’avenir de sa fille. « Je ne veux pas entrer dans les détails, mais je ne suis pas un salarié heureux, confie-t-il. Je suis représentant du personnel et quand je vois toutes les fois où les gens m’appellent notamment par rapport à des procédures de licenciement, je me dis que si la loi Travail passe, les représentants du personnel ne pourront plus défendre personne. Et je trouve cela honteux. »

Samir : « Je rêve d’un droit du travail équitable et juste pour tout le monde. »

Photographie : F. Blanc - CC BY-NC 2.0

Samir, 44 ans est salarié dans une entreprise de nettoyage. Très inquiet, lui aussi, pour la génération qui vient juste après lui. « Le milieu du nettoyage est un milieu très dur où il y a beaucoup de précarité, beaucoup de temps partiels », détaille-t-il. « Un secteur où les salariés ne connaissent pas leurs droits et ne sont pas bien défendus. » Ce que veut Samir ? Un droit du travail équitable et juste pour tout le monde. Un discours qui rejoint celui de Jean-Claude Mailly quand il explique que si les négociations collectives peuvent se dérouler au niveau des entreprises, elles doivent également se dérouler au niveau national « Cela permet un minimum d’égalité de droit entre les salariés et de réguler la concurrence avec les entreprises. »

D’autres rendez-vous ont été fixés dans les prochains jours

D’abord dimanche 1er mai, qui cette année sera fortement marqué par la mobilisation contre la loi Travail. Puis le 3 mai, alors que les députés débuteront l’examen du texte, un meeting public et à l’extérieur se tiendra à proximité du palais Bourbon. Les secrétaires généraux des sept organisations syndicales s’adresseront aux députés.

2016 sera l’année de célébration des 80 ans du Front populaire. « Le principe de faveur a été adopté pour la première fois en 1936, rappelle Jean-Claude Mailly. J’espère que le Président de la République sera fidèle à Léon Blum. »


Nadia Djabali Journaliste à L’inFO militante

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