31 janvier : des travailleurs toujours aussi remontés contre la réforme des retraites

InFO militante par Ariane Dupré, L’inFO militante

Colère, combativité : lors de la seconde journée de mobilisation du 31 janvier contre la réforme des retraites, les manifestants ont montré que leur détermination reste entière. Morceaux choisis dans le cortège parisien.


Jonathan, 41 ans, ferrailleur-soudeur : Je continuerai à me battre contre une réforme qui écrase les plus modestes.

Bonnet vissé sur la tête, Jonathan est venu avec un collègue. Il n’est pas syndiqué, discret. Il attend en se réchauffant avec un café avant le départ du cortège place d’Italie. C’est la seconde fois qu’il fait grève et manifeste contre la réforme des retraites. Et sa colère est palpable : Ils veulent quoi ? Nous faire mourir au travail à 67 ans ?. Et de raconter son métier dur : monter la ferraille pour des fondations de plaque de béton, c’est lourd, le travail est répétitif. L’atelier est ouvert pour sortir le matériel, on n’a pas de chauffage. Je ne veux pas travailler deux ans de plus. Je veux être en forme quand je serai à la retraite pour profiter de ma famille et de mes enfants. Jonathan tient à préciser : je ne pense pas qu’à moi. Je me mobilise aussi pour tous les autres salariés, les caissières qui font un travail dur. La suite de cette bataille ? Si je peux, je continuerai à me mobiliser. Moi, en me serrant la ceinture, je peux me permettre de perdre 90 euros en faisant grève, tout le monde ne le peut pas se le permettre. Déterminé à se battre, il est révolté par cette réforme : Ce gouvernement n’a aucune considération pour nous. Cette réforme écrasera les gens les plus modestes. Ce sont eux qui vont souffrir s’il faut travailler deux ans de plus. Pourtant, c’est nous, ce sont les petites mains qui font gagner de l’argent aux patrons !.


Djamel, 60 ans, gestionnaire de stocks chez Carrefour : J’espère que ça va ressembler à 1995 !

Avant de venir à la manifestation, Djamel a travaillé le matin. Gestionnaire de stocks dans un hypermarché Carrefour en banlieue parisienne depuis vingt ans, il travaille de 3 heures du matin à 9h30. Syndiqué FO et élu au CSE, il tient fièrement la banderole des employés Carrefour dans le cortège. L’ambiance est bon enfant, mais ce délégué syndical souriant affiche sa détermination : Le pouvoir s’obstine à vouloir faire passer cette réforme. Mais il est hors de question que les salariés payent de leur santé en travaillant plus. Comme je suis aussi têtu qu’eux, je continuerai à faire grève et à lutter. J’espère que ça va ressembler aux grandes grèves de 1995 !. Comme nombre de manifestants, Djamel évoque le travail fatiguant dans la grande distribution, et cette réforme qui se fait sur le dos des salariés mal payés : Moi, je m’en sors car je suis mieux payé en heures de nuit, mais mes collègues gagnent 1 300 euros nets. La pénibilité dans nos métiers n’est pas reconnue. Pour ce syndicaliste, pas question de baisser les bras : en tant que membre du CSE, Djamel s’active en attendant la prochaine date de mobilisation : Je distribue des tracs pour expliquer les dégâts de cette réforme, on monte des actions avec des collègues.


Delphine, 46 ans, professeur des écoles : Si on ne fait rien pour arrêter cette réforme maintenant, qui sait si un jour la retraite ne sera pas à 67 ans ?

J’ai fait les manifestations en 2019 contre la retraite à points, et je continue avec cette réforme injuste. Reculer l’âge de la retraite de deux ans, nous obliger à travailler jusqu’à 64 ans minimum, c’est impensable. J’adore enseigner, mais je me vois mal être obligée de travailler avec des enfants jusqu’à 64 ans !. Tranquille mais combative, Delphine est venue manifester pour la seconde fois ce 31 janvier avec ses collègues enseignantes. Des gens avant nous se sont battus pour que nous ayons des droits à la retraite. Il faut continuer cette lutte. Si l’on ne fait rien, qu’est-ce qui nous attendra ensuite ? Dans dix ou quinze ans, les prochains gouvernements pourraient très bien décaler encore l’âge légal de la retraite à 67 ans. Delphine, affirme que, si elle le peut, elle continuera à faire grève et à battre régulièrement le pavé : pour moi, c’est une façon de montrer mon désaccord. Je suis là, dans la rue !.


Ariane Dupré Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération