8 % de la population sans médecin généraliste à proximité

Déserts médicaux par Françoise Lambert

L’accès aux consultations de médecine générale ou à certains spécialistes peut se révéler difficile selon le lieu de résidence. © Patrick ALLARD / REA

Les inégalités territoriales d’accès aux soins pourraient augmenter dans les prochaines années, craint la Drees, qui a rassemblé des données chiffrées sur les soins de premier recours.

Accès aux généralistes, accès aux soins urgents, accès aux pharmacies : dans un dossier publié en mai 2017, la Drees, le service statistiques des ministères de la Santé, de l’Économie et de l’Emploi, fait le point sur les inégalités territoriales et rappelle la difficulté à définir les « déserts médicaux ».

Les inégalités d’accès aux soins sont complexes à mesurer, souligne la Drees, qui a mis en place des indicateurs destinés à tenir compte de plusieurs paramètres : la proximité de l’offre médicale, les délais pour obtenir un rendez-vous, l’âge de la population et l’activité des médecins.

Quatre millions de personnes trop loin des urgences

Fin 2015, 6 % de la population résidait à plus de trente minutes d’un service d’urgences ou d’un SMUR (Structure mobile d’urgence et de réanimation). Ces près de 4 millions de personnes vivent le plus souvent dans des espaces ruraux isolés, notamment en moyenne montagne. Les territoires qui totalisent la plus grande part de population éloignée des soins urgents sont la Corse, la Martinique, la Bourgogne-Franche-Comté et la Guyane.

Concernant l’accès aux généralistes, 8 % de la population résidait en 2015 dans une commune déficitaire en praticiens, à savoir un territoire avec un nombre de consultations accessibles par an et par habitant inférieur à 2,5 (contre une moyenne nationale à 4,1 consultations par an et par habitant). Territoires ruraux et territoires urbains sont touchés.

La Drees relativise toutefois ces inégalités d’accès aux médecins généralistes, estimant qu’elles sont d’une ampleur limitée. En effet, 98 % de la population vit à moins de dix minutes en voiture d’un médecin généraliste. Les inégalités s’avèrent en revanche plus fortes pour l’accès aux spécialistes.

Des difficultés d’accès aux soins qui se cumulent

La difficulté d’accès cumulée à un généraliste et à un service d’urgences concerne au total 1,3 % de la population. La Drees note par ailleurs que le fait de ne pas disposer d’une pharmacie à proximité (moins de 10 minutes de trajet par la route) est fréquemment cumulé à d’autres difficultés. Environ 300 000 personnes sont confrontées à une faible accessibilité à une pharmacie, à un généraliste et à un service d’urgences.

Mais les évolutions de la démographie médicale sont susceptibles d’entraîner un accroissement des inégalités territoriales d’accès aux soins de premier recours. Les effectifs des médecins libéraux sont en baisse chaque année depuis 2010. Une diminution qui devrait se prolonger jusqu’en 2025, en raison du vieillissement des praticiens et de la tendance des jeunes médecins à se tourner vers une activité salariée plutôt que libérale. 

 

Définition : Qu’est-ce qu’un désert médical ?
Le terme de « déserts médicaux » est celui pour lequel le manque de définition est le plus patent, note la Drees. Il suggère une rupture, une différence de nature entre des territoires qui permettraient ou non un accès aux soins. Il y aurait ainsi un seuil, mais celui-ci ne peut qu’être arbitraire, relève le service statistiques du ministère de la Santé. L’expression invite plutôt à considérer le cumul de difficultés dans le recours à différents services de santé qui peuvent ou auraient pu se substituer les uns aux autres, estime-t-il.

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante