Aujourd’hui le problème n’est pas régional, il est national

Les éditoriaux du secrétaire général par Jean-Claude Mailly

Six cent quarante PSE sur les six premiers mois de l’année, un millier à ce jour. L’année 2013 s’avère catastrophique pour l’emploi. En effet, les licenciements économiques ont augmenté de 12% sur un an et 26% de ces licenciements concernent les plus de 50 ans.

Complémentairement, les suppressions de postes dans les administrations contribuent à ce que de nombreux jeunes ne trouvent pas de débouchés.

Face à une telle situation, il est indispensable de prendre le taureau par les cornes. En premier lieu, nous ne dirons jamais assez qu’il faut changer la politique économique, tant au niveau national qu’européen.

En France comme ailleurs, l’austérité est suicidaire socialement, économiquement et démocratiquement.

En second lieu, s’il est indispensable que l’État ait une véritable stratégie industrielle à moyen et long termes, il y a des urgences à traiter. Soutenir la consommation en fait partie. Cela passe par des augmentations de salaires, un coup de pouce au Smic, un dégel du point d’indice dans la fonction publique et une relance des négociations de branches sur les minima conventionnels.

En matière d’emploi, il est nécessaire de remettre en place pour les « seniors » des mécanismes de cessation anticipée d’activité, d’instaurer un Contrat de sécurisation professionnelle (CSP) senior de longue durée et notamment de rétablir l’Allocation équivalent retraite. Il faut aussi conditionner l’octroi d’aides publiques aux entreprises par des engagements en matière d’emploi, ce qui n’est pas le cas du CICE (Crédit d’impôt compétitivité emploi), accordé sans contrepartie ni contrôle fiscal.

Il est inacceptable de laisser de plus en plus de salariés sur le tapis, sans perspective d’emploi et de ressources. Rappelons, par exemple, que la durée moyenne au chômage d’un plus de 50 ans est de 452 jours, contre 264 pour toutes les catégories.

Il faut également que les instruments publics tels que la BPI jouent pleinement leur rôle de soutien à l’activité économique, y compris pour les entreprises en difficulté.

Enfin, il faut lancer le chantier de la réforme fiscale d’ensemble avec, au centre, la remise en place d’un vrai impôt progressif sur le revenu et s’assurer que toutes les entreprises, et notamment les plus grandes, paient bien l’impôt sur les sociétés.

L’impôt est indispensable, il finance les services publics et contribue à réduire les inégalités. Encore faut-il qu’il soit équitablement perçu et réparti.

Aujourd’hui le problème n’est pas régional, il est national. En tant que confédération libre et indépendante, nous avons pour rôle de représenter et défendre les intérêts particuliers des travailleurs. Ce rôle est consubstantiel de notre indépendance et de notre liberté de comportement.

Sur l’ensemble du territoire républicain, nous défendons l’emploi, les salaires, les services publics et la protection sociale collective notamment.

Nous le faisons par la négociation et par l’action quand c’est nécessaire, les deux étant d’ailleurs souvent liées et complémentaires. C’est aussi pour toutes ces raisons que nous n’avons jamais été des adeptes de l’union nationale ou régionale, qui tend à transcender ou camoufler les divergences d’intérêts.

En France comme en Europe, il s’agit de rompre avec l’austérité. En la matière, le rôle de notre syndicalisme est incontournable. Nous en débattrons à la prochaine Commission exécutive.

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Jean-Claude Mailly Ex-Secrétaire général de Force Ouvrière