Les salariés européens continuent de résister

Austérité par Evelyne Salamero

Cinq ans après les premiers plans « d’assainissement budgétaire », grèves et manifestations continuent aux quatre coins de l’Union européenne.

En France, il y a eu le 18 mars... En Espagne, où les grèves sectorielles dures et massives n’en finissent pas de se succéder (enseignants, hospitaliers, éboueurs...), des centaines de milliers de manifestants venus de toutes les régions du pays ont manifesté à Madrid le 22 mars, à l’appel notamment de l’UGT et des commissions ouvrières (CCOO). Leurs slogans : « Non au paiement de la dette ! » , « Pas une coupe budgétaire de plus ! », « Dehors les gouvernements de la Troïka ! », « Du pain, du travail, un toit ! ». En Grèce, les fonctionnaires ont observé une énième grève les 19 et 20 mars à l’appel de leur organisation syndicale, l’ADEDY, contre la nouvelle vague de licenciements dictée par la Troïka. En Allemagne, des centaines de milliers d’employés des services publics ont débrayé depuis le 17 mars, dans le cadre de grèves d’avertissement, à l’appel du syndicat des services Verdi. Ils revendiquent une augmentation de 100 euros de leurs salaires et une hausse supplémentaire de 3,5%. Au Royaume-Uni, le feu couve et la grève se profile à la Royal Mail, le groupe postal britannique, qui, moins de six mois après sa privatisation et son introduction en Bourse, vient d’annoncer 1 600 suppressions d’emplois. Au Portugal, les salariés de la société portugaise de traitement des déchets Valorsul se sont mis en grève à 80%, le 17 mars, contre le projet de privatisation de leur maison mère EGF.... Depuis les premiers plans d’austérité il y a cinq ans, les grèves et les manifestations n’ont pas cessé dans la plupart des États membres de l’Union européenne.

DIMINUTION DES SALAIRES RÉELS, HAUSSE DES INÉGALITÉS

Manifestation contre l’austérité, le 22 mars dernier, à Madrid.
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Les salaires réels [1] ont diminué dans dix-huit des vingt-huit États membres depuis 2009 : de 23% en Grèce, de 12% en Hongrie, de plus de 6% en Espagne et au Portugal, de plus de 4% au Royaume-Uni et aux Pays-Bas... Plus de 26 millions d’Européens sont sans emploi, soit dix millions de plus qu’en 2008, et 7,5 millions de jeunes ne travaillent pas, ne suivent pas d’études ni de formation.

Les inégalités ont augmenté dans environ la moitié des pays européens qui ont mené des « ajustements » budgétaires entre 2007 et 2012, de l’aveu même d’experts du FMI (Fonds monétaire international), qui précisent que leur rapport, publié le 13 mars, ne reflète pas la position officielle de l’organisme. Les plans d’austérité conduisent traditionnellement à des pertes d’emplois, qui ont « tendance à renforcer les inégalités » au détriment des mois favorisés, dont les revenus dépendent quasi exclusivement de leurs salaires, constatent les experts.

De leur côté, les chefs d’État et de gouvernement persistent. Réunis les 20 et 21 mars à Bruxelles, ils ont réaffirmé les priorités définies lors de leur précédent sommet en décembre 2013, à commencer par l’assainissement budgétaire. La « modernisation » des administrations publiques et les réformes « destinées à améliorer le fonctionnement des marchés du travail », en clair les suppressions d’emplois dans le public et la facilitation des licenciements dans le privé, figurent également sur la liste.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

Notes

[1Ajustés en fonction de l’inflation et sans tenir compte de l’augmentation des impôts directs. (Source : CES, Confédération européenne des syndicats).

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