C à dire ?! diffusé le 8 avril 2014 : Jean-Claude Mailly, Secrétaire général de FO

Emploi et Salaires par Jean-Claude Mailly

Qu’attendent les partenaires sociaux de Manuel Valls ? - Axel de Tarlé reçoit Jean-Claude Mailly, Secrétaire général de Force Ouvrière.

 A.de Tarlé : J.-C.Mailly, bonsoir. Vous êtes secrétaire général de Force Ouvrière. Merci d’être sur ce plateau pour nous dire ce que vous avez pensé de ce discours de M.Valls.
J.-C.Mailly : Ça continue. C’est le changement dans la continuité. Au-delà de la musique, qu’est-ce qui a été annoncé concrètement au niveau de la politique sociale ? D’abord, l’abaissement des charges patronales. Qu’est-ce qu’il reste au niveau du Smic en termes de cotisations C’est la 1re fois qu’on va exonérer des chefs d’entreprise sur les maladies professionnelles et les accidents du travail. Je ne parle pas des allocations familiales. Par quoi c’est compensé ? On ne sait pas.

 A.de Tarlé : L’idée de baisser les cotisations pour que les patrons puissent davantage embaucher, vous ne trouvez pas que c’est une bonne idée ?
J.-C.Mailly : Non. Cela s’appelle du dumping social. Les Allemands font la même chose, les Espagnols l’ont déjà fait. Le Premier ministre annonce que l’alpha et l’oméga de la politique du gouvernement est de réduire le coût du travail. Je rappelle que c’est 20 à 25 % du coût global de production.

 A.de Tarlé : La France a le coût du travail le plus élevé d’Europe : 37 euros de l’heure ! Je crois qu’il y a la Belgique devant et le Luxembourg. C’est une fausse piste...
J.-C.Mailly : C’est pareil que l’Allemagne.

 A.de Tarlé : Le made in France, ce n’est pas le made in Germany.
J.-C.Mailly : Si vous prenez les voitures, ce n’est pas la même gamme de voitures que les voitures françaises. Il a annoncé 9 milliards d’euros d’allégements de cotisations Par quoi ça va être compensé ? On n’en sait rien. Il y a un risque de fragilisation de la Sécurité sociale.

 A.de Tarlé : Il annonce 500 euros de salaire net, en plus, par an, pour les Smicards. Ca, c’est très bon ?
J.-C.Mailly : Vous ne pensez pas que c’est plus simple de monter le Smic ? Pourquoi ne le fait-il pas ? Il baisse les charges des salariés. Lesquelles, je ne sais pas. Nouveau risque de fragilisation Là où B.Obama essaie de recréer une Sécurité sociale, on tente de l’affaiblir.

 A.de Tarlé : Il y a trop de dépenses publiques en France. Il faut faire des économies. Il faut essayer de baisser un peu les dépenses publiques. Vous contestez cette volonté politique ?
J.-C.Mailly : Vous en savez plus aujourd’hui sur ce que sera la nature de ces 50 milliards ?

 A.de Tarlé : Sur les collectivités territoriales, il y a des annonces assez précises. Le nombre de régions va être divisé par 2. Les Conseils généraux vont être supprimés à l’horizon 2021. Vous approuvez cela ?
J.-C.Mailly : Nous approuvons la fin de la clause de compétence générale. On est d’accord. Je pose une seule question. Une commune rurale qui ne sera ni dans une métropole, ni dans une intercommunalité, elle sera dans le désert s’il n’y a que le département. Comment peut-on assurer un minimum d’égalité territoriale sur l’ensemble du territoire ? Pour le reste, c’est renvoyé sur les impôts en 2017/2018. On est sur quelque chose de très lointain.

 A.de Tarlé : Il y a d’un côté les intérêts des employeurs et les intérêts des salariés qui sont très différents ?
J.-C.Mailly : La négociation, c’est fait pour être résolu.

 A.de Tarlé : Comment l’avez-vous trouvé ?
J.-C.Mailly : Il a écouté mais il n’a pas été entendu.

 A.de Tarlé : Vous le revoyez. Qu’allez-vous lui dire ?
J.-C.Mailly : Il fait référence à Pierre Mendès-France quand il disait, il y a 60 ans, qu’il fallait dire la vérité. Jaurès disait que le courage était de chercher la vérité, de la dire et de ne pas assombrir la loi du mensonge triomphant. On a 2 conceptions différentes.

 A.de Tarlé : Le pacte de responsabilité, vous ne le voulez pas en l’état.
J.-C.Mailly : Qu’y a-t-il comme contrepartie ?

 A.de Tarlé : Il y a le pacte de solidarité. On a parlé de santé, des 500 euros... 3,3 millions de Smicards.
J.-C.Mailly : Pourquoi n’augmentent-ils pas le Smic ? Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?

 A.de Tarlé : Il ne veut pas alourdir le coût du travail.
J.-C.Mailly : C’est une logique économique qui se conteste. Le jour où le FMI s’inquiète du risque de déflation en Europe.

 A.de Tarlé : Le Premier ministre a cité un certain nombre de fois le mot « entreprise ». C’est du jamais vu. Un Premier ministre de droite ne l’avait jamais autant cité.
J.-C.Mailly : Il a beaucoup cité Les réponses concrètes qu’il apporte aux entreprises en termes de coût du travail. C’est assez logique qu’il s’adresse à eux.

 A.de Tarlé : Le gouvernement fait fausse route en disant que ce n’est pas l’État qui va créer les emplois en créant des postes de fonctionnaires aider les entreprises ?
J.-C.Mailly : On n’a rien contre le fait qu’on aide les entreprises. Quand on aide, on contrôle, on évalue quand on fait des aides ciblées. Là, on est d’accord. On met des aides ciblées. Là, il n’y a pas de contrepartie. On aide les entreprises, et on espère qu’avec ça, elles ne monteront pas les dividendes. On espère aussi qu’elles investiront. Regardez la statistique du commerce extérieur qui vient de tomber. Apparemment, ça s’améliore. Pourquoi ? Parce que les Français consomment moins et que les importations diminuent.

 A.de Tarlé : Des choses n’ont pas été dites. Il n’a rien dit concernant la diminution des fonctionnaires, concernant le gel du salaire Il aurait pu dire qu’il supprimait le gel. Vous dites que les fonctionnaires n’ont pas à faire d’efforts ?
J.-C.Mailly : Tout le monde fait des efforts. Il y a du chômage. On impose des choses aux salariés du privé, comme aux fonctionnaires. Je ne suis pas sûr, qu’il y ait des efforts qui soient faits dans les classes les plus élevées.

 A.de Tarlé : Il a l’air de promettre qu’il y aura plus d’impôts en France sous M.Valls. Vous dites que c’est bien ?
J.-C.Mailly : On verra. Le problème, c’est la réforme fiscale. Où en est-on de la remise à plat fiscal ? J’ai l’impression que c’est tombé aux oubliettes. La réforme fiscale, ce n’était pas pour faire plus d’impôts, mais pour que l’impôt soit perçu et redistribué de manière plus équitable. Je n’ai pas l’impression que ce soit la priorité.

  A.de Tarlé : Une note sur 20.
J.-C.Mailly : De mon point de vue, je ne pense pas qu’il aurait à la moyenne. Je ne parle pas de la forme.

 Voir en ligne  : France 5 - C’est à Dire ?!

Jean-Claude Mailly Ex-Secrétaire général de Force Ouvrière

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