Israël a commencé à construire le mur de séparation isolant la Cisjordanie (ou Rive occidentale) en 2002, avec l’objectif déclaré de protéger sa population de toute « intrusion de terroristes palestiniens ». Cette barrière mord sur le territoire palestinien au-delà des frontières héritées de la guerre des Six jours de 1967, de façon à pouvoir englober le plus possible de colonies, et isole 10% de la Rive occidentale du reste de sa superficie. Villages divisés, terres agricoles endommagées, commerce entravé : le gouvernorat de Tulkarem (au nord) est un exemple particulièrement parlant de ce que peut entraîner la construction de cette « clôture de sécurité » (dénomination israélienne). Le taux de chômage y est l’un des plus élevés de la Rive occidentale.
On compte aujourd’hui 500 000 colons israéliens en Cisjordanie, soit deux fois plus qu’en 1993, au moment de la signature des accords d’Oslo. Les colonies s’éparpillent dans la zone C de la Cisjordanie, placée sous le contrôle exclusif d’Israël, grignotant et morcelant chaque fois un peu plus le territoire palestinien en de multiples parcelles coupées les unes des autres (voir la carte ci-contre). Les routes dites « de contournement », qui relient les colonies israéliennes entre elles et à Israël, ne sont accessibles qu’aux seuls colons et militaires israéliens. La population arabe se heurte quotidiennement à des barrages routiers, des portails métalliques, des monticules de terre et des tranchées, sans compter la barrière de séparation.
La zone C s’étend sur 60% de la superficie de la Rive occidentale. Quelque 150 000 Palestiniens y vivent. L’administration israélienne n’a prévu que 1% de sa surface pour le développement palestinien. Les constructions palestiniennes sont interdites dans 70% de la zone et extrêmement limitées dans les 29% restants. Le nombre de démolitions et de déplacements de bâtiments palestiniens par les forces armées israéliennes a augmenté en 2011 de plus de 80% par rapport à 2010, précise l’OIT.
Des dizaines de milliers de travailleurs arabes surexploités dans les colonies
On compte entre 35 000 et 50 000 travailleurs arabes travaillant dans les colonies. Poussés par le chômage et l’espoir de meilleurs revenus, ils bravent l’interdiction imposée par l’Autorité palestinienne de s’y faire embaucher. La législation du travail héritée du temps où la Rive Occidentale appartenait à la Jordanie (jusqu’en 1967) reste applicable. Toutefois, bien qu’il se soit abstenu d’y étendre officiellement la portée territoriale de ses lois (à l’exception de Jérusalem-Est), explique l’OIT, l’État d’Israël applique sa législation, notamment son droit du travail, à ses citoyens vivant dans la Rive occidentale au moyen de décrets militaires. Les employeurs israéliens des colonies ont donc la possibilité d’appliquer la législation jordanienne, moins favorable aux travailleurs palestiniens, et le droit du travail israélien aux citoyens israéliens.
À Jérusalem-Est, annexé unilatéralement par Israël en 1967, plus de 90 000 Palestiniens vivent dans des bâtiments construits sans permis et qui peuvent donc être démolis d’un moment à l’autre. Pour y travailler les Palestiniens de la Rive occidentale doivent avoir un permis. Ce système –la loi de 2003 sur la nationalité et l’entrée en Israël et la barrière de séparation– plonge dans des situations inextricables les familles à statut mixte, dont un conjoint possède un permis de résidence à Jérusalem et l’autre une carte d’identité de la Rive occidentale.
S’ils souhaitent résider avec leur famille à Jérusalem-Est, les conjoints doivent engager une procédure longue et coûteuse pour obtenir un permis, au final rarement accordé.
La plupart des terres agricoles fertiles de la région sont exploitées par des colons. De plus, Israël surextrait considérablement les ressources en eau allouées dans le cadre des Accords d’Oslo, et utilise environ 86% du volume total de l’eau extraite du seul aquifère disponible pour les Palestiniens.
Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que les affrontements entre Palestiniens et colons israéliens se multiplient. Le nombre d’incidents violents faisant des victimes palestiniennes et causant des dommages aux biens palestiniens, précisent les auteurs du rapport, a augmenté en 2011 de 144% par rapport à 2009 et de 32% par rapport à 2010.