Comptes publics | Jean-Claude Mailly : « M. Migaud, demain on l’appellera Mme Thatcher »

Service Public par Mathieu Lapprand

La Cour des comptes a rendu public, le 17 juin dernier, son rapport sur « La situation et les perspectives des finances publiques ». Une énième potion d’austérité au détriment des services publics, de l’égalité républicaine et des fonctionnaires.

Cette juridiction financière est chargée de contrôler la régularité des comptes publics, mais également de différents établissements ou entreprises publiques. Cette Cour peut émettre des recommandations si elle identifie des points d’amélioration. Elle est présidée par Didier Migaud, ancien député socialiste, qui fut nommé à ce poste en 2010 par Nicolas Sarkozy.

Selon l’article L.111-3 du code des juridictions financières, « La Cour des comptes vérifie sur pièces et sur place la régularité des recettes et des dépenses décrites dans les comptabilités publiques ». Or force est de constater, rapports après rapports, que la Cour sort de ce rôle de contrôle des dépenses et recettes pour promouvoir quasi exclusivement, à travers ses recommandations, des réductions de dépenses publiques sans un mot sur les recettes. La Cour s’interroge, par exemple, sur le plan d’éco­nomies de 50 milliards annoncé par le gouvernement.

Selon elle, 30 milliards d’économies seraient « encore peu documentées, voire pour certaines incertaines car elles devront être réalisées par des administrations publiques dont l’État ne maîtrise pas les dépenses ». Heureusement, la Cour veille…

Un florilège de propositions réactionnaires

Et n’est pas à court de propositions, comme le déplore la Fédération Générale des Fonctionnaires FO (FGF) : « Vision comptable, dogmatique, libéralisme à tous crins, poursuite de l’austérité, peu importent les qualificatifs, comme à son habitude la Cour des comptes propose de réduire les missions de service public en réduisant toujours plus le nombre de fonctionnaires. » Le Secrétaire général de la Confédération s’interroge : « Est-ce qu’il sait M. Migaud – il n’a peut-être pas l’occasion de le voir–, que quand on va dans les départements, on a des services publics qui ferment ? Il y en a de plus en plus. S’il est républicain, il devrait être attaché à la présence de proximité des services publics. »

Il faut dire que ceux qui se font appe­ler les « Sages de la rue Cambon » n’ont pas lésiné sur les propositions antisociales : « le gel du point d’indice reste impératif », « un allongement du temps de travail permettrait probablement aussi de dégager des économies ». C’est une forme de « double peine » pour les fonctionnaires qui est préconisée analyse la FGF, qui rappelle pourtant que « l’objectif 2013 de suppression de 2 200 postes à la fonction publique de l’État a été largement dépassé », avec la disparition totale en 2013 de 7 172 postes de fonctionnaires.

« La Cour des comptes n’a qu’un seul objectif : c’est de regarder les chiffres et d’arriver absolument à 3% du déficit, déplore Jean-Claude Mailly. Que les usagers n’aient plus accès aux services publics, ce n’est pas l’affaire de M. Migaud ». Or FO ne cesse de rappeler que l’austérité est suicidaire socialement, économiquement et démocratiquement. Un proverbe italien rappelle que « le premier degré de la folie est de se croire sage, et le second est de le proclamer. » Les « sages » de la rue Cambon l’illustrent parfaitement par la folie politique qu’ils recommandent.

Mathieu Lapprand Journaliste à L’inFO militante