Croissance, chômage, inflation : l’été meurtrier

Actualités par David Rousset

En deux mois, la France a accumulé les mauvais résultats et donne l’impression de s’enfoncer encore davantage, lentement mais inexorablement, dans les sables mouvants de la crise.

En deux mois, la France a accumulé les mauvais résultats et donne l’impression de s’enfoncer encore davantage, lentement mais inexorablement, dans les sables mouvants de la crise.

Pour ceux qui en avaient encore, les espoirs de reprise pour l’année en cours se sont envolés avec l’annonce du chiffre de la croissance au deuxième trimestre : 0%, soit aussi peu qu’au premier, et à ce rythme 2014 arrivera à peine à égaler les calamiteux 0,4% de 2013. On est loin des 0,9% attendus par Bercy et encore plus loin des 1,5%, seuil à partir duquel les créations d’emploi sont supérieures aux suppressions.

30 milliards de dividendes versés en trois mois

En attendant, les chiffres du chômage ont atteint un nouveau sommet en juillet avec 5 083 000 demandeurs d’emploi, en hausse de 5% sur un an. Pire encore, comme le relève FO dans un communiqué, le nombre de chômeurs dits de longue durée – c’est-à-dire inscrits depuis plus de trois ans – progresse de 17,8% en douze mois.

Enfin, l’indice des prix se rapproche dangereusement de 0%, antichambre de la déflation, et vient parachever le sombre diagnostic de l’économie française. À l’évidence, les choix opérés par les gouvernements français depuis 2008 n’ont pas permis de sortir de la crise. Mais de plus en plus de voix s’élèvent pour affirmer que la voie de l’austérité qu’a choisie François Hollande aggrave la situation. Les milliards déversés sur le patronat à coups de CICE, de pacte de responsabilité, d’allégements de cotisations sociales et de cadeaux fiscaux n’ont pas entraîné le fameux choc de confiance rêvé par l’Élysée. En revanche, les dividendes versés aux actionnaires au second semestre ont dépassé 30 milliards d’euros, un chiffre en hausse de 30% en un an.

Love story à Jouy-en-Josas

Comme si cela ne suffisait pas, l’exécutif vient de multiplier les déclarations d’amour en direction du patronat. Lors de l’université d’été du Medef, le Premier ministre s’est ainsi exclamé « J’aime l’entreprise ! » avant de rappeler que, en additionnant le CICE et le pacte de responsabilité, ce sont 40 milliards d’euros en quatre ans – 2 points de PIB - qui sont offerts aux patrons. Quand on aime, on ne compte pas !

Au même moment, plusieurs ministres ont aussi multiplié les déclarations pour réduire la représentation des salariés, remettre une nouvelle fois en cause le repos dominical, voire permettre aux entreprises de déroger au Code du travail en matière de temps de travail mais aussi de rémunération.

À l’évidence, les semaines qui viennent s’annoncent décisives. La présentation de la loi de finances et de celle du budget de la Sécurité sociale pour 2015 permettra de voir si le gouvernement, dont l’impopularité est inversement proportionnelle au chiffre de la croissance, persiste dans l’impasse. Comme le dit le proverbe, errare humanum est, perseverare diabolicum. En clair, l’erreur est humaine, persévérer est diabolique.