Projet de loi de rigueur… énergétique

Développement durable par Jamel Azzouz

Le texte sur la transition énergétique prévoit, notamment, de diviser par deux, la consommation nationale d’énergie en 2050 et de réduire à 50% la part du nucléaire en 2025. Et ce, quitte à menacer l’emploi et l’indépendance énergétique de la France, dénonce FO.

Le gouvernement a fini par dévoiler le projet de loi sur la transition énergétique après plusieurs mois de débats. Présenté le 18 juin dernier par la ministre de l’Écologie et de l’Énergie, Ségolène Royal, le texte se veut ambitieux en fixant un certain nombre d’objectifs chiffrés de consommation et de production d’énergie. Postulant qu’environ un tiers de l’énergie consommée sera renouvelable en 2030 (contre 13,7% en 2012), le projet prévoit de réduire de 30% la consommation de pétrole, de gaz et de charbon sur la période. À cette date, les émissions de gaz à effet de serre devront être diminuées de 40% (par rapport à 1990), notamment sous la contrainte de « budgets-carbone », plafonds à ne pas dépasser. Au nom du développement des énergies renouvelables, il est également prévu de réduire la part du nucléaire à 50% à l’horizon 2025, le nucléaire représentant aujourd’hui 75% de la production d’énergie en France. Pour finir, la consommation d’énergie globale du pays devra être réduite de moitié d’ici à 2050 (par rapport à 2012). Ce projet sera « l’occasion de baisser la facture énergétique de la France et des Français », qui s’élève actuellement à plus de 65 milliards d’euros par an, a justifié Mme Royal, « Nous pourrons vivre mieux avec beaucoup moins d’énergie. » Côté budget, elle envisage de débloquer quatre cents millions d’euros pour soutenir la production d’énergie dite décarbonée (bois, biomasse, déchets, recyclage...) et cent millions pour financer 1 500 projets de méthanisation. Parmi les autres moyens susceptibles d’atteindre de tels objectifs, figure en particulier l’obligation de rénovation énergétique en cas de travaux de ravalement ou de toiture des bâtiments publics et privés. Pour le reste, le gouvernement compte sur la relance de l’éco-prêt à taux zéro qui est aujourd’hui un échec avec « à peine un prêt souscrit en moyenne par département chaque mois ».

« IMPÉRATIFS DOGMATIQUES ET IDÉOLOGIQUES »

À FO, on n’est pas opposé au mix énergétique. En revanche, « la création d’un plafond de production d’électricité nucléaire est à la fois stupide et malhonnête », a dénoncé la Confédération, pour qui « cette manœuvre n’a d’autre but que de servir des intérêts idéologiques et politiciens en trouvant un moyen de fermer une ou des centrales ». De même, elle a fustigé l’objectif « absurde » de division par deux de la consommation d’énergie sur le territoire. Rappelant que la France produit aujourd’hui « une électricité bon marché […] de surcroit décarbonée », elle estime que ce projet menace son indépendance énergétique. Pis, il promeut là « une logique de décroissance », au détriment de « l’emploi au niveau national ». Notons ici que 400 000 salariés travaillent dans le nucléaire. Quant à l’obligation de rénovation thermique des logements pour les ménages, elle « n’est pas acceptable, a fortiori en pleine modération salariale et baisse du pouvoir d’achat », explique-t-elle. Et FO de souligner : « Ce texte est cadré par des impératifs dogmatiques et idéologiques et par la rigueur budgétaire. Comme le reste, l’énergie est soluble dans l’austérité. »

Jamel Azzouz Journaliste