Scop ou encore ?

Économie sociale et solidaire par Clarisse Josselin

Alors que 10% des PME s’éteignent chaque année faute de repreneurs, la poursuite de l’activité par les salariés associés peut être une solution, dans certaines conditions. Pour tout savoir sur les coopératives ouvrières (Scop), la confédération FO organise un colloque le 27 juin.

Certaines font la une des journaux : la compagnie maritime MyFerryLink, la librairie des Volcans à Clermont-Ferrand, l’usine de thé Fralib… D’au­tres ne font pas parler d’elles mais se portent plutôt bien, comme le réseau parisien Alpha Taxis, le fabricant de jouets Moulin Roty ou le journal Alternatives Économiques. Toutes sont des Sociétés coopératives ouvrières de production (Scop), un modèle économique qui a le vent en poupe. Les salariés y sont les sociétaires et gouvernent démocratiquement. Une part des bénéfices sert à assurer la pérennité de l’entreprise, une autre est reversée aux salariés et aux sociétaires.

Le modèle n’est pas récent. Les coopératives ouvrières sont apparues au milieu du XIXe siècle. Mais elles sont l’objet d’un regain d’intérêt depuis la crise. Avec le système capitaliste, les inégalités s’accentuent alors que la richesse produite et consommée n’a jamais été aussi importante.

À l’opposé, l’économie sociale et solidaire, dont sont issues les Scop, est plus juste et plus démocratique car elles sont indépendantes du capital et de l’État. « Ces entreprises résistent aussi mieux à la crise car elles ne sont pas dans une logique du risque et du profit à tout prix », explique Anne Baltazar, Secrétaire confédérale chargée de l’économie sociale à la confédération Force Ouvrière.

S’il existe une vingtaine de grosses coopératives, comme le groupe Chèque Déjeuner, la majorité d’entre elles sont des petites structures de moins de 50 personnes.

Les Scop sont au cœur du projet de loi sur l’économie sociale et solidaire (ESS), en cours de discussion au Parlement, car elles peuvent constituer une issue pour de nombreuses entreprises en liquidation ou en cessation d’activité. Chaque année, environ 10% des PME s’éteignent faute de repreneurs. Et ce phénomène risque de s’accentuer car dans les dix ans à venir on estime que 700 000 patrons de PME, nés durant le baby-boom, partiront en retraite.

Indépendance du capital

En présentant son projet de loi en avril 2013, Benoît Hamon, ancien ministre de l’ESS, avait rappelé que chaque année il y a « de 50 000 à 200 000 emplois détruits faute de repreneurs d’entreprises en bonne santé, souvent des PME dont le patron a mal préparé sa succession. Il faut aider ces salariés à se constituer en société coopérative et participative ». Son objectif était de doubler le nombre d’emplois en cinq ans dans les Scop.

Dans ce programme, les syndicats ont un rôle à jouer. Pour aider les fédérations et les unions départementales FO à y voir plus clair, la Confédération organise, le 27 juin à Paris, un colloque intitulé « La Scop, une alternative pour les salariés ? ». « Le but de cette journée, c’est qu’elles aient le réflexe d’étudier la solution Scop lorsqu’une entreprise cesse son activité, explique Chris­tophe Couillard, assistant confédéral chargé de l’économie sociale. Nous voulons leur donner une boîte à outils, qu’elles sachent à qui s’adresser. Notre rôle n’est pas de créer des Scop, mais il pourrait être d’impulser un projet et de le coordonner. »

Attention, la Scop n’est pas non plus la solution miracle après un dépôt de bilan pour sauver l’emploi. « Pour que le projet de reprise par les salariés soit viable, un certain nombre de conditions doivent être remplies et notamment la viabilité économique de l’entreprise, ajoute Chris­tophe Couillard. En cas d’échec, les salariés, qui ont investi leurs indemnités de licenciement, perdent leur boulot et leurs économies. »

Dans les Scop aussi les syndicats ont un rôle à jouer. Ils sont là pour défendre les intérêts collectifs des salariés : les conditions de travail, la sécurité, les salaires, l’égalité... « Il ne faut pas mettre n’importe qui à la tête de l’entreprise, il faut une personne qui sait gérer l’humain et l’entreprise, ajoute Christophe Couillard. Un bon syndicaliste ne fait pas forcément un bon patron. Et le secrétaire du syndicat ne doit pas être patron de la Scop, à chacun son rôle et sa responsabilité. »

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante