Travailleurs handicapés : bilan à double tranchant pour l’Agefiph

Emploi par Jamel Azzouz

La hausse relative du taux d’emploi des handicapés a eu l’effet paradoxal de réduire sensiblement les ressources de l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées. Et ce alors que le taux de chômage de cette population n’a jamais été aussi élevé.

L’emploi des salariés handicapés progresse, leur taux de chômage aussi. C’est ce qui ressort du bilan 2013 de l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapés (Agefiph). L’an dernier, via son réseau national d’organismes de placement des personnes handicapées (Cap Emploi), l’Agefiph a pu aider au recrutement de 70 500 salariés handicapés, en hausse de 7% par rapport à 2012. Cela a permis d’augmenter d’un peu plus de 3% leur taux d’emploi. Un chiffre en progression « constante, de 0,1 point à 0,2 point, depuis 2007 », souligne l’Agefiph, même s’il « semble faible par rapport au taux théorique de 6% prévu par la loi ». Le résultat est plutôt encourageant, bien qu’il ne les ait pas vraiment mis à l’abri de l’explosion générale du chômage.

FO revendique une protection contre les licenciements

Comme tous les chômeurs très éloignés du marché du travail, les handicapés en âge de travailler – deux millions de personnes et 5% de la population active totale (41 mil­lions) – ont en effet été très fragilisés par la crise économique.

Pas moins de 413 421 d’entre eux étaient ainsi en recherche d’emploi à la fin 2013, soit un bond de 11,5% par rapport à 2012. De quoi établir leur taux de chômage à 22%, soit plus du double du taux de chômage national (10%).

La progression mê­me relative du taux d’emploi a eu pour conséquence inévitable de réduire les ressources de l’Agefiph, qui dépendent exclusivement des pénalités payées par les entreprises (d’au moins 20 salariés) ne respectant pas l’obligation légale d’employer au moins 6% de salariés handicapés dans leurs effectifs. De fait, le nombre d’établissements « pénalisés » a chuté de 8,5% en 2013 par rapport à 2012 (et de 27% par rapport à 2007). Une chute qui a fait baisser, en 2013, à 441,5 mil­­lions d’euros le budget du fonds collecteur (-7% par rapport à 2012). Du coup, si le chômage des personnes handicapées devait rester à un niveau aussi élevé (+70% sur cinq ans), l’Agefiph serait sans doute contrainte de prioriser ses missions que sont l’insertion professionnelle, l’adaptation des postes de travail, le maintien dans l’emploi, la compensation du handicap, la reconversion professionnelle… « En 2014, le contexte de réduction des ressources étant amené à se poursuivre, il s’agira d’entrer dans une démarche d’optimisation des interventions par la recherche d’une meilleure articulation entre les politiques et dispositifs de droit commun et les dispositifs spécifiques » de l’Agefiph, a indiqué a cet égard sa présidente Odile Menneteau.

« Le niveau de chômage qui affecte, plus que toutes autres, les personnes handicapées nous conduit notamment à demander aux pouvoirs publics de les protéger contre les licenciements économiques », souligne pour sa part Anne Baltazar, Secrétaire confédérale FO, chargée de ce dossier. L’Agefiph étant un organisme paritaire où siègent syndicats, patronat et associations, FO aura sans aucun doute à cœur de porter cette revendication jusqu’au bout.

Jamel Azzouz Journaliste