Retraites et prestations sociales gelées jusqu’en octobre 2015

Finances publiques par Valérie Forgeront

Pour obtenir les 50 milliards d’économies, le gouvernement compte imposer un assortiment d’efforts sévères, y compris aux plus modestes.

Ce n’était qu’une rumeur, expliquait, le 15 avril dernier, le ministre des Finances, M. Michel Sapin. La France n’a jamais eu l’intention de demander un délai à l’Europe dans le cadre de la réduction de ses déficits publics à moins de 3% du PIB (produit intérieur) en 2015. Alors que les experts de la Commission européenne tablent sur déficit public français à 3,9% du PIB en 2015 et qu’actuellement Bruxelles joue la fermeté, le gouvernement affiche donc sa volonté de mettre les bouchées doubles pour atteindre les fameux 3% à la fin de l’année prochaine. Annoncé le 14 janvier par le chef de l’État puis dévoilé davantage le 16 avril par le Premier ministre, le « plan d’économies » serait donc fait pour cela. Il affiche même ses velléités de réduire les déficits tout en abaissant encore le coût du travail par divers allégements de cotisations sociales patronales, annoncés précédemment dans le cadre du pacte de responsabilité inclus dans ce plan d’économies. Un plan qui se veut « juste » par ses efforts « équitablement répartis », et qui viserait le « redressement » économique, la réduction du déficit public, la baisse du chômage et davantage de pouvoir d’achat pour les salariés... Tout cela reste à prouver. L’effort de réduction des déficits publics à hauteur de 50 milliards d’ici à 2017 sera donc réparti entre l’État (pour 18 milliards), les collectivités territoriales (11 mil­liards), l’assurance-maladie (10 milliards) et la protection sociale (11 milliards).

Vers l’appauvrissement des plus pauvres ?

Traduction concrète de ces chiffres, le plan prévoit notamment la réduction de la consom­mation de médicaments, un plus grand recours aux génériques, la réduction du nombre d’actes médicaux et d’interventions chirurgicales « inutiles ou évitables », le renforcement de la chirurgie ambulatoire, des mesures permettant un retour plus rapide à domicile après une hospitalisation... Et ce n’est pas tout.

Ainsi, le Premier ministre a annoncé aussi un gel des pensions de retraite (du public et du privé) jusqu’en octobre 2015, un gel des prestations sociales dont les aides au logement et les allocations familiales. La revalorisation du RSA, entre autres, sera par ailleurs décalée d’un an. Le plan prévoit ainsi de réduire encore plus drastiquement les dépenses de l’État, dont ses interventions. Elles seront « recentrées »... On peut comprendre triées sur le volet, donc supprimées pour certaines. Les dépenses de fonctionnement des ministères seront réduites et les effectifs seront revus à la baisse, hormis dans les secteurs prioritaires (éducation, sécurité, justice). Déjà gelés depuis 2010, les salaires des cinq millions d’agents publics le seront encore jusqu’en 2017... Inédit dans l’his­toire de la fonction publique.

Aux collectivités locales, le gouvernement demande notamment qu’elles accélèrent la mutualisation de leurs moyens et qu’elles contiennent leurs dépenses au niveau de l’inflation. La révision à la baisse des concours de l’État les y aidera, estime Manuel Valls. Pour FO, toutes ces décisions relevant de l’austérité « vont notamment pénaliser lourdement les plus défavorisés et accroître les inégalités, la précarisation et la pauvreté. Elles font également glisser l’économie française vers la déflation et aggraveront la situation financière de l’assurance-chômage ».

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante