Pourtant Israël a retiré ses troupes en 2005. Mais il continue depuis d’assurer le contrôle exclusif de l’espace aérien et maritime de Gaza, ainsi que la garde et la surveillance extérieure de son périmètre terrestre. De plus, le blocus de Gaza, imposé par Israël et l’Égypte en 2007 (date à laquelle le Hamas a pris le contrôle de ce territoire), reste en vigueur, avec un seul point de passage commercial autorisé, Kerem Shalom, à l’extrême sud de Gaza. Cela renchérit les coûts du transport et du coup les produits agricoles de Gaza ne sont pas compétitifs sur les marchés internationaux.
Le bouclage externe de Gaza compromet non seulement l’accès aux marchés, mais aussi à ses propres ressources productives, souligne l’OIT. Quelque 35% des terres agricoles sont perdues au profit d’une zone tampon qui commence officiellement à 300 mètres de la frontière, mais qui, dans la pratique, est mise en œuvre par les forces armées israéliennes à une distance de la frontière comprise entre 500 mètres et 1,5 km. La limite de la pêche est fixée à trois milles nautiques à partir de la côte, ce qui bloque 85% des eaux de pêche. Bien sûr, quasiment aucune communication entre Gaza et la Cisjordanie, séparées par Israël, n’est possible.
Des milliers de travailleurs en danger dans les tunnels à la frontière de l’Égypte
Il a ainsi fallu six mois de négociations avec Israël, avec intervention de la « communauté internationale », pour qu’un chargement de dattes destinées à des programmes d’alimentation scolaire et représentant en tout et pour tout 19 camions et 60 emplois puisse passer en Cisjordanie !
Le manque cruel de débouchés commerciaux licites a empêché le redémarrage des industries détruites lors de l’opération « Plomb durci », lancée en 2009 par l’armée israélienne et ouvert la voie à une véritable économie souterraine, au sens figuré comme au sens propre. On estime que les tunnels construits clandestinement sous la frontière avec l’Égypte, à Rafah, occupent au moins 9 000 personnes dans des conditions souvent dangereuses, principalement pour l’importation de matériaux de construction, de combustibles et d’autres biens « à double usage » [1].
Les profits tirés de cette activité illicite ont créé plus de 600 millionnaires à l’origine d’une nouvelle demande de biens de consommation, ce qui explique la hausse de la croissance constatée à Gaza. Pendant ce temps, la majorité de la population de Gaza souffre de graves pénuries. La plupart des écoles sont surpeuplées, certaines utilisant des conteneurs en guise de salles de classe, et la pénurie de combustibles provoque des coupures d’électricité de six à dix-huit heures par jour.