Victorieux, les 70 000 mineurs des trois géants sud-africains du platine [1], en grève depuis cinq mois, ont repris le travail le 25 juin. Leur action a été triplement historique : par sa durée, par le fait d’avoir été organisée par un syndicat indépendant et par son résultat. La plus longue grève de mineurs qu’ait jamais connue le pays a été lancée par le syndicat AMCU, né durant la grève de l’été 2012. Durant ce conflit, les mineurs, se sentant trahis par le syndicat officiel [2], avaient décidé de construire leur propre organisation et avaient ainsi arraché de premières augmentations de salaires. Cette grève avait été ensanglantée par le massacre de 34 mineurs à Marikana, tombés sous les balles des policiers. Deux ans plus tard, les mineurs, avec leur nouveau syndicat devenu très largement majoritaire, viennent d’obtenir une importante revalorisation des salaires durant trois années consécutives, de façon à atteindre au final un salaire de 12 500 rands (environ 840 euros par mois), ce qu’ils revendiquaient déjà en 2012.
LES MÉTALLOS PRENNENT LE RELAIS
Le salaire mensuel des mineurs les moins qualifiés augmentera chaque année de 950 à 1 000 rands mensuels (environ 70 euros) et celui des autres catégories augmentera une première fois de 8%, puis de 7,5% les deux années suivantes. Le syndicat a aussi obtenu une hausse des allocations logement et la réintégration des 230 mineurs licenciés au cours de la grève. L’accord s’appliquera rétroactivement au 1er juillet 2013 pour Amplats et Implats, au 1er octobre pour Lonmin, et il expirera le 30 juin 2016. À peine les mineurs de platine avaient-ils décidé de reprendre le travail que les 220 000 ouvriers de la métallurgie ont pris le relais. Leur syndicat NUMSA, le plus grand du pays, après avoir annoncé en décembre 2013 sa volonté de rompre ses liens historiques avec le parti au pouvoir, a lancé le 1er juillet un appel à une grève illimitée pour une augmentation des salaires à deux chiffres et la fin du recours au travail intérimaire.