Grèves et manifestations contre le pacte d’austérité

Mobilisation par Valérie Forgeront

Ils étaient 240 000 à manifester le 18 mars. Les salariés ont fustigé le cadeau fait au patronat sous la forme d’un pacte illustrant la poursuite de l’austérité.

Ils ont scandé « Retrait du pacte de responsabilité ! ». Mais les 240 000 manifestants qui ont défilé le 18 mars dans les 140 cortèges organisés sur le territoire ont aussi lancé d’autres slogans, tels que « Y en a marre de l’austérité ! », ou encore « Assez de cette politique ! ». Clef de voûte de la journée interprofessionnelle de grève et de manifestations lancée à l’appel des organisations FO, CGT, FSU et Solidaires, la revendication portant sur le retrait du pacte de responsabilité s’accompagnait en effet d’autres demandes : celles sur les salaires, l’emploi, les services publics et la Sécurité sociale. « Nous le savons, geler les salaires dans le public et n’accorder aucun coup de pouce au Smic, ou encore annoncer 50 milliards de réduction des dépenses publiques, voilà ce qu’est l’austérité économique et sociale », indiquaient, par exemple, à La Rochelle les militants FO de Charente-Maritime. Cette journée de protestation doit résonner comme un « avertissement » donné aux pouvoirs publics, résumait de son côté la confédération FO dans un communiqué. En tête du cortège parisien, qui a rassemblé 60 000 manifestants, le Secrétaire général, Jean-Claude Mailly, indiquait que « le gouvernement a intérêt à réagir car la coupe est pleine ».

« PACTE DE COMPLAISANCE »

Pleine de mesures d’austérité qui ne passent pas, ont confirmé, le 18 mars, les salariés du public comme du privé dont certains étaient en grève. Parmi eux, on comptait des fonctionnaires de l’Éducation nationale, des agents de Pôle emploi, de la Sécurité sociale (à l’appel de tous les syndicats), ou encore des personnels de l’aviation civile (DGAC). Côté manifestations : 3 000 salariés dans les rues à Rouen, 42 000 à Marseille, 200 à Ancenis, 12 000 à Toulouse, 5 000 à Nantes, un millier à Perpignan... Finalisé le 5 mars à travers un texte signé entre trois organisations (CFDT, CFTC et CFE-CGC) et le patronat (Medef, CGPME), le pacte de responsabilité, qui est censé relancer l’emploi en accordant aux entreprises une nouvelle exonération de cotisations (celle de la branche famille) sur les salaires, à hauteur de 10 milliards, apparaît ainsi clairement aux salariés comme un affront de plus... et de taille. Ce pacte, qui s’ajoute au CICE (le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), lequel offrait déjà aux entreprises un cadeau fiscal de 20 milliards, ne crée pas en effet d’obligation de créations d’emplois en contrepartie des allégements qu’il accorde aux employeurs. « Qu’est-ce que les salariés ont gagné avec ce pacte ? Rien. » En revanche, « M. Gattaz [Medef, ndlr] a obtenu satisfaction », regrette Jean-Claude Mailly, stigmatisant la « complaisance de ce pacte ». Rejetant cette nouvelle baisse programmée du coût du travail, les salariés ont dit, le 18 mars, tout le mal qu’ils pensent de cette complaisance.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

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