En 2013, le revenu moyen des Français recule de 0,6%

Inflation par Mathieu Lapprand

Après un important recul de 0,9% en 2012, le pouvoir d’achat de l’ensemble des ménages, en volume, a stagné en 2013. Selon l’institut, cette stagnation est due à une inflation plus faible (+0,6%) en 2013 qu’en 2012 (+1,4%). En effet, si le revenu disponible brut [1] des ménages croît légèrement, comme en 2012, de 0,6%, cette faible augmentation est totalement absorbée par l’inflation. Mais cette évolution est hétérogène car si dans ses grandes masses le pouvoir d’achat se stabilise, un examen du revenu moyen par unité de consommation [2] montre, lui, un recul du pouvoir d’achat individuel de 0,6%.

En outre, les dépenses dites préengagées, c’est-à-dire les dépenses liées à des contrats considérés comme difficilement renégociables (logement, assurance, cantines, téléphonie...), augmentent plus que les autres. Elles représentaient 29,1% du revenu brut disponible en 2013, soit 0,3% de plus que l’année précédente. 78,7% de ces dépenses concernaient le logement, le chauffage et l’électricité. Selon l’Insee, l’analyse du pouvoir d’achat du revenu arbitrable, c’est-à-dire le pouvoir d’achat déduit de ces dépenses préengagées, montre un recul encore plus important en 2012 : -1,3%.

CULTURE, LOISIRS ET TRANSPORT FONT LES FRAIS DE L’AUSTÉRITÉ

La dépense des ménages en assurance s’accroît en 2013, elle progresse de 1,8% (0,3% en 2012). Les principales hausses concernent l’assurance vie (+3%) et les dépenses liées à l’assurance santé (+1,4%). L’Insee indique que les dépenses culturelles et de loisirs poursuivent leur recul : -1,2% en 2013 après -2,1% en 2012. Ces baisses touchent tant la fréquentation des salles de cinéma que les livres ou la presse. Les dépenses de consommation dans les hôtels, cafés et restaurants baissent de 1,4% et, les campings mis à part, les autres modes d’hébergement sont en baisse. La culture et les loisirs sont devenus les variables d’ajustement des budgets familiaux dans ce contexte de crise.

Si la consommation alimentaire se maintient (+0,8%) dans un contexte de baisse des prix, le tabac connaît lui un recul important de 5,8%. Les dépenses d’habillement poursuivent aussi leur recul : -0,9% en 2013 (-2,3% en 2012), comme les dépenses de transport : chute des achats de voitures, baisse des dépenses en carburant et des dépenses de transports collectifs, ferroviaires ou routiers.

La consommation des ménages, moteur historique de la croissance française, a donc calé. Tandis que le gouvernement persiste, sans le moindre succès, à vouloir relancer l’économie en accentuant l’austérité et en multipliant les cadeaux au patronat, les salariés, eux, sont contraints de s’adapter et d’effectuer des coupes dans leur consommation.

Mathieu Lapprand Journaliste à L’inFO militante

Notes

[1Revenu disponible brut : mesure le revenu total à disposition des ménages pour consommer et épargner.

[2Revenu moyen par unité de consommation : mesure le niveau de revenu moyen individuel disponible.