La mobilisation des services publics

Le Tour de la sécurité par Baptiste Bouthier

Le Tour est un miracle permanent. Pour permettre une course sans anicroche, de nombreux services publics sont mobilisés toute l’année. Pierre-Yves Thouault, directeur adjoint du Tour de France, le « Monsieur services publics » d’ASO, nous explique tout.

UN TRAVAIL DE LONGUE HALEINE

Tous les ans, dans la deuxième quinzaine d’octobre, ASO révèle au monde entier le parcours du prochain Tour de France. S’ensuit alors une longue période d’attente pour le grand public. Mais dans l’ombre c’est un contre-la-montre qui démarre. Le jour même de la présentation, le ministre de l’Intérieur reçoit l’itinéraire complet de la Grande Boucle et, dès le lendemain, il écrit à la quarantaine de préfets des départements concernés par le passage du Tour. « Cela déclenche tout un système de réunions, de validation des parcours et des dispositifs de sécurité avec tous les services concernés : pompiers, hôpitaux, SAMU, conseils généraux et parfois même la DDE..., explique Pierre-Yves Thouault. On valide ensuite tout ça avec les maires et l’on fait autant de réunions qu’il y a de départements. Fin mars on a à peu près fini notre Tour de France à nous, et fin mai on fait une grande réunion des services d’ordre à Paris pour finaliser le tout. » Le Tour peut partir.

NE PAS LÉSINER SUR LA SÉCURITÉ

Ces réunions permettent, entre autres, de définir le très impressionnant dispositif de sécurité qui assure la bonne tenue de la course. Car si 47 gardes républicains à moto sont chargés d’escorter le peloton et la caravane tout au long des trois semaines de course, ce sont pas moins de 23 000 policiers et gendarmes locaux qui sont mobilisés jour après jour, sous la houlette de la mission police permanente du Tour : treize policiers seulement. Car chaque jour la route qu’emprunte le Tour est privatisée durant trois heures, et il faut donc de nombreux agents pour sécuriser le parcours. Sans oublier les divers dispositifs au départ et à l’arrivée... « La mission police permanente est là pour donner les consignes, conseiller sur les dispositifs mis en place, quand les monter, quand les lever, etc. », détaille Pierre-Yves Thouault. Une organisation colossale qui a bien sûr un coût : chaque année ASO verse deux millions d’euros au ministère de l’Intérieur.

LES DÉPARTEMENTS MOBILISÉS

L’autre grand volet de tout ce travail en amont concerne l’état des routes. ASO collabore avec l’Assemblée des départements de France (ADF) afin de savoir si le parcours qu’elle a tracé est faisable ou pas. Un « Monsieur route » est ainsi nommé pour chaque étape : c’est en réalité le responsable de la gestion des routes du département concerné. Il est chargé d’informer ASO en cas de pépin – si une route s’est gravement détériorée à cause du gel, par exemple. Le Tour peut alors décider de changer d’itinéraire... ou demander une réfection de la chaussée puisqu’une enveloppe de 250 000 euros est versée à cet effet à l’ADF chaque année. « En fait, le Tour permet souvent de déclencher des travaux qui étaient de toute façon prévus à terme, mais que l’on anticipe un peu », explique Pierre-Yves Thouault. Pendant le Tour, les agents des conseils généraux continuent d’être mobilisés. Tous les jours il faut préparer les routes : retirer les panneaux de signalisation et autres plots qui pourraient gêner la course, signaler l’itinéraire... Chaque matin une réunion est également organisée afin de parer à tout souci de dernière minute, et des équipes sillonnent le parcours quelques heures avant la course afin de vérifier que tout est en ordre. Enfin le nettoyage des routes, notamment en montagne, après le passage de la course, est également assuré par des agents départementaux. Car chaque jour la Grande Boucle génère plusieurs dizaines de tonnes de déchets. ■