Un sport qui se mondialise

Le Tour des autres courses par Baptiste Bouthier

À l’image des trois grands tours, disputés en France, en Italie et en Espagne, ou des grandes classiques, confinées en France, en Belgique et en Italie, le cyclisme a longtemps été un sport essentiellement européen, que ce soit au niveau des courses, des coureurs ou du public. Mais depuis quelques années, l’internationalisation est en marche.

LES PIONNIERS

Bien sûr, il y a eu des exceptions. Kisso Kawamuro fut, dès 1926 (!), le premier coureur japonais à participer au Tour de France. Dans les années 1950, de nombreux coureurs algériens ou marocains disputèrent aussi la Grande Boucle. Mais il aura fallu attendre 1986 pour voir un premier coureur non européen inscrire son nom au palmarès de la plus grande épreuve cycliste de la planète : l’Américain Greg LeMond. Français, Italiens, Belges, Luxembourgeois, Néerlandais, Suisses et Espagnols s’étaient partagés les 72 premières éditions... Cette victoire de LeMond, qui allait en obtenir deux autres, en 1989 et 1990, était alors le symbole d’un cyclisme qui commençait peu à peu à élargir ses horizons, même si tout se concentrait encore en Europe.

En 1983, trois ans avant la première victoire de LeMond, les spectateurs avaient découvert, stupéfaits, les petits grimpeurs colombiens de l’équipe Colombia-Varta, qui allaient faire le show en montagne pendant plusieurs années, avec ce sponsor, puis sous les couleurs de Café de Colombia, affichant de redoutables escaladeurs comme Luis Herrera (maillot à pois en 1985 et 1987), Fabio Parra ou Hernan Buenahora. C’est aussi dans ces années-là, en 1981, que Phil Anderson devient le premier Australien à porter le maillot jaune, cinq ans avant qu’Alex Stieda ne soit le premier Canadien dans le même cas.

LE WORLD TOUR, SYMBOLE D’UNE ÉVOLUTION

Il faudra néanmoins attendre le XXIe siècle pour que le cyclisme sorte pour de bon des frontières de l’Europe, même si le Grand Prix des Amériques, organisé au Canada de 1988 à 1992, avait montré la voie. Le Tour de Californie, créé en 2006, s’est rapidement imposé comme une épreuve très importante. Les Grands Prix de Québec et Montréal, créés conjointement en 2010, ont été intégrés au calendrier World Tour dès leur première édition. Le World Tour, justement, est le symbole de la volonté d’internationalisation de l’Union cycliste internationale (UCI) : créé en 2005 Continent, et le calendrier était 100% européen.

Mais en 2014 il y a une épreuve en Australie, le Tour Down Under ; deux au Canada, les Grands Prix de Québec et Montréal ; et une en Chine, le Tour de Pékin. Et sur les dix-huit équipes World Tour, il y en a une kazakhe (Astana), trois américaines (BMC, Garmin, Radio Shack), une australienne (Orica-Green EDGE) et deux russes (Katusha et Tinkoff- Saxo).

TOUJOURS PLUS LOIN

Cette évolution récente du calendrier cycliste devrait se poursuivre dans les années à venir. De nombreuses épreuves existent déjà aux quatre coins du monde sans faire partie du World Tour : le Tour de Californie, mais aussi ceux d’Utah et du Colorado sont devenus des rendez-vous incontournables aux États-Unis ; le Tour de Langkawi accueille tous les ans quelques-unes des meilleures équipes du monde en Malaisie depuis 1996 ; la Tropicale Amissa Bongo, au Gabon, est une préparation au soleil appréciée par plusieurs équipes françaises ; quant au Tour de San Luis, en Argentine, il a encore accueilli un parterre de stars en janvier dernier... Pour l’instant, ces courses sont encore, pour la plupart, considérées comme exotiques et servent surtout de préparation aux épreuves majeures, qui restent sous le nom de Pro Tour, il a pour but de réunir les meilleures équipes, avec les meilleurs coureurs, sur les meilleures épreuves. Et, si possible, que cela ne concerne pas que les Européens. En 2005, il n’y avait qu’une équipe américaine au milieu de dix-neuf formations du Vieux confinées au continent européen. Mais certaines d’entre elles pourraient intégrer le World Tour à moyen terme et prendre de l’importance, à l’image du Tour Down Under, épreuve australienne créée en 1999 et qui ne cesse de monter en grade depuis son introduction au calendrier World Tour, en 2008.

ET DANS LE PELOTON ?

L’internationalisation du peloton est un peu moins rapide que celle du calendrier. Même si les bannières des équipes se sont diversifiées, les coureurs sont encore, en grande majorité, des Européens – en un sens plus large que par le passé, néanmoins, puisqu’il y a de plus en plus de coureurs d’Europe de l’Est. Soixante-dix-sept pour cent des coureurs engagés dans des équipes World Tour sont Européens, et même 81 % en prenant en compte les Russes. Pour le reste de la planète, ce sont surtout les pays occidentaux qui sont bien représentés : Australie, États-Unis, Canada, Nouvelle-Zélande. Mais cela change petit à petit. Les Sud-Américains sont essentiellement représentés par les Colombiens, mais il y a aussi des professionnels brésiliens, vénézuéliens ou costariciens. Quelques coureurs chinois et japonais représentent le continent asiatique. Et depuis deux ou trois ans, on voit aussi apparaître des coureurs africains : jusqu’ici, seule l’Afrique du Sud existait au sein du cyclisme mondial, mais des Érythréens commencent à faire parler d’eux. On dit leurs capacités physiques aussi adaptées au cyclisme que celles de leurs voisins éthiopiens aux épreuves de fond en athlétisme... ■

LE CALENDRIER WORLD TOUR 2014
Le World Tour regroupe les plus grandes courses de l’année, qu’el les soient par étapes ou d’un jour. Les autres épreuves sont regroupées dans des calendriers continentaux : Europe Tour, Asia Tour, etc.
 21-26 JANVIER : Tour Down Under (Australie).
 9-16 MARS : Paris-Nice (France).
 12-18 MARS : Tirreno-Adriatico (Italie).
 23 MARS : Milan-San Remo (Italie).
 24-30 MARS : Tour de Catalogne (Espagne).
 28 MARS : Grand Prix E3 (Belgique).
 30 MARS : Gand-Wevelgem (Belgique).
 6 AVRIL : Tour des Flandres (Belgique).
 7-12 AVRIL : Tour du Pays basque (Espagne).
 13 AVRIL : Paris-Roubaix (France).
 20 AVRIL : Amstel Gold Race (Pays-Bas).
 23 AVRIL : Flèche wallonne (Belgique).
 27 AVRIL : Liège-Bastogne-Liège (Belgique).
 29 AVRIL-4 MAI : Tour de Romandie (Suisse).
 9 MAI-1er JUIN : Tour d’Italie.
 8-15 JUIN : Critérium du Dauphiné (France).
 14-22 JUIN : Tour de Suisse.
 5-27 JUILLET : Tour de France.
 2 AOÛT : Clasica San Sebastian (Espagne).
 3-9 AOÛT : Tour de Pologne.
 11-17 AOÛT : Eneco Tour (Belgique, Pays-Bas).
 23 AOÛT-14 SEPTEMBRE : Tour d’Espagne.
 24 AOÛT : Vattenfall Cyclassics (Allemagne).
 31 AOÛT : GP de Plouay (France).
 12 SEPTEMBRE : GP de Québec (Canada).
 14 SEPTEMBRE : GP de Montréal (Canada).
 5 SEPTEMBRE : Tour de Lombardie (Italie).
 21-28 SEPTEMBRE : Championnats du monde, Ponferrada (Espagne).
 10-14 OCTOBRE : Tour de Pékin (Chine).