Ils sont furieux contre leurs administrations respectives qui, au nom de la « Modernisation de l’action publique » (MAP), veulent leur imposer des plans de réforme dangereux. Les agents des douanes et ceux de la Direction générale des finances publiques (DGFIP) prévoient de contester clairement ces projets lors d’une journée de grève et de manifestations (Paris, Toulouse, Marseille...) le 20 mars prochain. L’action est à l’initiative du Syndicat national des douanes FO (USD FO), du syndicat FO DGFIP, soutenus par la Fédération FO Finances, mais aussi des syndicats CGT, CFDT, Solidaires et Unsa. Quelles sont ces réformes qui effraient tant ? Pour les douanes, il s’agit d’un « projet stratégique » à finaliser d’ici à 2018. Dans le secteur des finances publiques, on annonce une « démarche stratégique » à réaliser d’ici à 2017. Pour les syndicats FO, les deux « stratégies », version MAP, conduisent surtout à des effets dévastateurs, s’ajoutant à ceux de la RGPP en service jusqu’en 2012. Il faut donc un moratoire et ouvrir un véritable débat sur les missions publiques, demandent les syndicats en rappelant les difficultés actuelles des deux administrations.
Une nouvelle réduction de voilure
Ainsi, en cinq ans, la DGFIP (née en 2009 de la fusion des secteurs Impôts et Trésor public) « a supprimé plus de 10 000 postes », explique Jean-Yves Brun, le Secrétaire général de FO DGFIP. « Les crédits de fonctionnement diminuent de 5% à 8% par an depuis près de dix ans, les salaires des agents sont gelés comme dans toute la fonction publique, quant aux possibilités de promotion dans la carrière, elles sont désormais réduites de moitié à la DGFIP. » Le projet de « démarche stratégique » arrive donc comme une cerise amère sur le gâteau : il fait craindre une nouvelle réduction de voilure de la DGFIP, cela à travers une régionalisation croissante des implantations et de certaines missions.
Du côté des douanes, on liste aussi les pertes d’effectifs et celles programmées. Après 4 000 emplois disparus en dix ans, l’effectif actuel de 16 500 agents risque de passer sous la barre des 15 000 en 2017, fulmine Michèle Boutonnet, la Secrétaire générale de l’USD FO. Le plan prévoit en effet la suppression annuelle de 400 postes dans cette administration jusqu’en 2017. La méthode ? Accélérer les fusions de services, mutualiser les moyens, tout cela en restructurant les implantations et les missions douanières à l’échelon interrégional. Ainsi l’interrégion de Nantes s’étalera, par exemple, de Brest à Limoges. Celle de Belfort englobera la ville de Tours. Alors que les agents craignent de ne pouvoir assurer des missions de qualité sur ces périmètres immenses et se soucient aussi d’une probable nouvelle dégradation de leurs conditions de travail, l’administration ne leur apporte pas de réponse. Elle ne propose pas davantage de solutions de reclassement aux agents dont les postes sont (ou seront) supprimés et qui s’inquiètent de devoir subir bientôt une mobilité contrainte et sans contrepartie. « Les agents sont vraiment très en colère », insiste Michèle Boutonnet.