Les fonctionnaires FO récusent la feinte salariale du gouvernement

Emploi et Salaires par Valérie Forgeront

Marylise Lebranchu annonce un allégement des cotisations salariales en guise d’augmentation de salaires. Pour FO, la mascarade continue.

La rencontre de négociation théoriquement dédiée, le 19 mai, aux carrières des agents a connu un coup de théâtre orchestré par la ministre de la Fonction publique, Mme Lebranchu. Près d’une semaine après la journée de grève et de manifestations suivie par des dizaines de milliers de fonctionnaires, notamment à l’appel de FO, la ministre a changé le cours de la réunion –boycottée par FO– pour annoncer une mesure censée améliorer le pouvoir d’achat des agents. Mme Lebranchu a ainsi informé que « le gouvernement réfléchissait à la façon d’adapter à la fonction publique une mesure d’allégement des cotisations salariales » sur les bas salaires. Il s’agirait d’adapter au secteur public la mesure annoncée le 8 avril dernier par le Premier ministre, qui proposait un allégement des cotisations sociales pour les salariés percevant de 1 à 1,3 Smic. Façon tour de passe-passe, la mesure permettrait de gonfler un peu le salaire net sans procéder à aucune hausse réelle du salaire brut. À l’époque, M. Valls n’avait pas précisé si les agents publics étaient concernés. L’annonce faite par Mme Lebranchu semble signifier qu’ils le sont. C’est surtout « la démonstration que la ministre n’a aucune marge de manœuvre budgétaire », a réagi, le 20 mai, la Fédération générale des Fonctionnaires FO (FGF FO), rappelant que la première revendication des cinq millions de fonctionnaires reste le dégel du point d’indice (base de calcul des salaires/traitements de tous les agents publics), bloqué jusqu’en 2017.

ATTENTION, DANGER…

Concrètement, rappelle FO, les fonctionnaires attendent toujours une hausse générale des salaires, de l’ordre de 8% immédiatement, et non de « vagues » propositions. Par ailleurs, le principe de l’allégement, qui concernerait surtout les agents de la catégorie C (la plus basse), est « inadmissible » car il consiste à « opposer les catégories de fonctionnaires entre elles et à aggraver la baisse du pouvoir d’achat », déjà en berne de plus de 10% en dix ans, rappelle FO. L’allégement aurait donc tout du « dérisoire » quant à un gain de pouvoir d’achat, insiste Christian Grolier, s’inquiétant par ailleurs de la nature de l’allégement en question. « Concernerait-il la retenue pour pension assise sur le point d’indice ? », ironise-t-il. Alors que la réforme des retraites de 2010 prévoit la hausse annuelle (et jusqu’en 2020) du taux de retenue pour pension, le gouvernement prévoit-il, par exemple, de « ne pas appliquer aux agents de catégorie C la hausse de la retenue pour pension, théoriquement applicable en 2015 ? » Pour FO, « cela ne ressemble en rien à une hausse de salaire ». Alors que le gouvernement s’obstine à ne pas vouloir augmenter les fonctionnaires, impacter leur salaire différé à travers un allégement de cotisation retraite ne serait pas sans conséquence, estime Christian Grolier. En effet, une telle mesure apporterait moins de recettes au compte d’affectation spéciale pensions civiles et militaires, qui relève de la responsabilité de l’État. Or, analyse FO, cette privation volontaire de recettes créerait un manque à gagner que l’État pourrait bien faire peser à l’avenir sur les actifs de la fonction publique, mais aussi sur les pensionnés.

 Voir en ligne  : Fédération Générale des Fonctionnaires FO - Site Internet

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

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