Un salarié qui part toujours a l’heure du travail sera moins bien évalué
Le présentéisme est de plus en plus dénoncé par les cadres d’entreprises : ces derniers culpabilisent de quitter le bureau a l’heure, en raison de la pression exercée par la hiérarchie. Officiellement, rien ne les empêche de partir ; dans les faits ils n’osent pas le faire de peur de se faire mal voir. Ils sont nombreux sont a s’en plaindre.
Certains cadres se sentent obligés d’arriver à 7 heures le matin et de repartir à 20 heures le soir pour montrer qu’ils sont tout le temps disponibles. Tous font les frais de cette mentalité. Dans d’autres pays comme en Europe du Nord par exemple, rester aussi longtemps au travail est synonyme d’inefficacité : cela trahit une incapacité à s’organiser.
Même si c’est officieux, on sait que le surprésentéisme est pris en compte dans les évaluations annuelles.
Quelqu’un qui part toujours a l’heure aura un rapport d’évaluation moins bon que la personne aux horaires a rallonge, ce qui influencera toute sa carrière.
Le problème touche encore plus les femmes que les hommes, parce que ce sont elles qui gèrent la vie de famille. Leurs collègues masculins ont plus de facilité a se réunir le soir, en dehors des horaires de bureau et au cours de ces réunions informelles, les idées fusent, des décisions sont parfois prises, et elles excluent la salariée absente.
Le surprésentéisme met la santé en danger
Nombreux sont les salariés qui refusent de s’arrêter et qui mettent ainsi leur santé en danger. Ignorer les premiers signaux de la maladie revient a s’exposer a des symptômes plus importants. Venir travailler plus de cinq fois dans l’année tout en étant malade augmente le risque de connaître un arrêt maladie supérieur à 30 jours dans les années qui suivent.
De nombreuses études médicales ont pointé les effets nocifs du surprésentéisme, surtout quand il est fréquemment pratiqué. Il peut notamment conduire a des accidents de santé tels qu’un infarctus. Les personnes atteintes de problèmes cardiaques ont par exemple deux fois plus de « chances » de subir une attaque dans les trois années a venir si elles n’ont pas bénéficié d’un arrêt maladie.
Plus généralement, on observe chez les surprésentéistes une dégradation progressive de leur niveau de santé. L’absence de convalescence crée de l’épuisement, ce qui les conduit a puiser encore plus dans leurs ressources pour faire face a la charge de travail. Un cercle vicieux se met ainsi en place et le surprésentéisme crée, a moyen terme, un surcroît d’absentéisme.
Dans les cas les plus graves, le surprésentéisme se fait l’antichambre du burn-out, c’est—a-dire d’un épuisement a la fois psychique, émotionnel et mental. Le « bourreau de travail » ne peut pas ou ne veut pas écouter les symptômes qui surviennent... jusqu’au jour où il craque.
Certaines personnes ayant travaillé des années sans relâche n’en payent parfois le prix qu’en fin de carrière. Les accidents cardiovasculaires qu’ils connaissent ne sont certainement pas étrangers au train de vie mené précédemment.
Le surprésentéisme coûte très cher a l’individu qui se met en danger, a l’entreprise et au final, a la société en général. La sécurité sociale a versé l’an dernier 8,77 milliards d’euros en indemnités journalières.