FO Hebdo : Le ministre du Travail s’est dit prêt à « suspendre pendant trois ans » les seuils légaux créant des obligations sociales aux entreprises, cette annonce est-elle une surprise ?
Marie-Alice Medeuf-Andrieu : Cette question montait, elle a récemment été portée par le Medef dans un comité d’avis du Conseil économique, social et environnemental. Mais le fait que ces seuils soient un frein à l’embauche n’a évidemment jamais été prouvé. La mise en place d’instances représentatives permet de fluidifier le dialogue social, de définir des interlocuteurs légitimes pour l’employeur. Si nous avons moins subi la crise que d’autres pays, c’est aussi parce que les dispositifs de protection sociale ont servi d’amortisseur. Or aujourd’hui, remettre en cause ces garanties sociales arrachées de haute lutte c’est fragiliser encore davantage ceux à qui l’on demande le plus d’efforts, les salariés.
FO Hebdo : Les employeurs craignent-ils les instances représentatives des salariés ?
Marie-Alice Medeuf-Andrieu : Ce n’est pas un problème de seuil, mais bien la question de la présence des syndicats en entreprise qui est posée. Quels contrôles sont aujourd’hui effectués sur les nombreux procès-verbaux de carence (ndrl : un P-V de carence est émis par l’employeur quand aucun salarié ne se porte candidat lors de l’élection) reçus par les directions du travail ? Aucun contrôle, elles n’en ont plus les moyens. Tout le monde semble souhaiter des syndicats forts, mais dans la réalité on leur restreint l’accès aux entreprises. Et si quelques voix s’élèvent pour remettre en cause les seuils, à quand de véritables contrôles et évaluations des cadeaux aux entreprises qui devaient créer de l’emploi ?
FO Hebdo : Quelles revendications porte la Confédération pour l’amélioration de la représentation des salariés ?
Marie-Alice Medeuf-Andrieu : Alors que le gouvernement propose l’inverse, FO est favorable à la représentation des salariés dans toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. Même les salariés des très petites entreprises doivent pouvoir être représentés au moins au niveau des branches.