Pacte de responsabilité : FO démonte l’opération de com’ du gouvernement

Economie par Evelyne Salamero

Photographie : ©Fred MARVAUX/REA
©Fred MARVAUX/REA

Les fédérations FO présentes à la réunion de bilan de la négociation de branche convoquée hier par le ministre du Travail ont exprimé leur refus de négocier dans le cadre du pacte de responsabilité.

Le ministre du Travail, François Rebsamen, a reçu le 10 septembre plus de deux cents représentants patronaux et syndicaux de cinquante branches professionnelles. Une « réunion de mobilisation », pour reprendre le terme officiel, avant tout destinée, dans l’esprit du gouvernement, à relancer la machine du pacte de responsabilité. Une « opération de com’ », avait résumé la veille le Secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly. Le déroulement de la réunion l’a confirmé, montrant aussi les faiblesses de la tentative gouvernementale.

L’ensemble des organisations syndicales a démenti les chiffres du gouvernement selon lesquels trente branches professionnelles auraient commencé à négocier des contreparties en termes d’emplois aux 40 milliards d’euros accordés aux patrons (une diminution de 30 milliards de leurs cotisations sociales et de 10 milliards de leurs impôts sur trois ans). Le Medef, qui quelques jours auparavant avait annoncé avoir entamé des négociations dans quarante-sept branches, n’a pas renchéri cette fois.

« FO veut négocier sur les vrais sujets, à commencer par les minima conventionnels »

« Les fédérations FO ont exprimé leur refus de toute négociation dans le cadre du pacte de responsabilité et démontré concrètement qu’aucune négociation n’était engagée à l’heure actuelle dans leurs secteurs, y compris dans la métallurgie, contrairement à ce qui a été dit », indique Marie-Alice Medeuf-Andrieu qui représentait la Confédération et conduisait la délégation FO.

Seul le secteur de la chimie (hors industrie textile) peut se prévaloir d’un accord qui prévoit la création de 47 000 emplois, ce qui correspond au rythme de recrutement actuel qui n’empêche pas la disparition de 5 000 emplois par an. La fédération FO ne l’a pas signé et continue de revendiquer une embauche pour un départ.

« FO refuse de négocier sous la pression. Il appartient aux interlocuteurs sociaux, et pas au gouvernement, de définir leurs thèmes de négociation. FO veut négocier sur les vrais sujets, à commencer par les minima conventionnels et les classifications. Et là, il y a un véritable enjeu pour la relance de la croissance par la consommation et donc pour l’emploi. Il était important que FO soit présente pour rappeler ses revendications, démystifier le fait que le pacte de responsabilité fonctionne et exprimer son refus de négocier dans le cadre de celui-ci », souligne Marie-Alice Medeuf-Andrieu.

De son côté, le ministre, après s’être félicité d’échanges « riches et fructueux », a rappelé en fin de réunion que « le pacte de responsabilité est un engagement du président de la République et du gouvernement, que nous assumons même si beaucoup y sont hostiles ». La délégation du Medef a quant à elle expliqué qu’il fallait donner du temps au temps et que le pacte de responsabilité n’aurait pas d’effets avant trois ans.

Par ailleurs, le ministre du Travail a saisi l’occasion de cette réunion pour annoncer le lancement de travaux sur les restructurations des branches professionnelles, dans le cadre de la CNCC (Commission nationale des conventions collectives). Objectif : passer de 700 à 100 branches.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante

Sur le même sujet

Plan entreprises : Noël avant l’heure

Economie par  Valérie Forgeront

Il est certes trop tôt pour offrir des cadeaux de Noël mais, en même temps, pourquoi attendre ? Ce lundi 11 septembre à Niort (Deux-Sèvres), le Premier ministre, M. Édouard Philippe, a dévoilé le « Plan Entreprises » du gouvernement.

Les affres du pacte de responsabilité

L’Éditorial de Jean-Claude Mailly par Jean-Claude Mailly

Dans une seule branche, la chimie, un accord découlant du « pacte de responsabilité » a été signé par deux syndicats (pas FO). Or les créations d’emplois annoncées correspondent aux créations habituelles dans ce secteur !

Le MEDEF remercie le président pour ses bons vœux

Dossier Pacte de responsabilité par Mathieu Lapprand

Après le « choc de compétitivité » mis en œuvre à la suite de son élection, le président de la République réaffirme son tropisme patronal en prônant un « pacte de responsabilité » qui, sous couvert de donnant-donnant, constitue en réalité un cadeau au patronat.