Protection sociale, le gouvernement veut amputer des budgets qu’il ne maîtrise pas

Paritarisme par Mathieu Lapprand

Dans le plan global d’économies de 50 milliards d’euros présenté par le gouvernement figurent 11 milliards d’euros d’économies sur « les dépenses de protection sociale ». Au passage, on notera que Bercy présente ses cadeaux au patronat comme des « soutiens à l’investissement », tandis que la protection sociale est considérée comme une dépense. Mais il y a plus grave, le gouvernement s’engageant sur des économies qui relèvent du paritarisme et donc d’accords conclus entre les syndicats et le patronat.

Dans ces 11 milliards d’euros, 6,9 milliards visent les retraites, la politique familiale, la revalorisation de prestations ou encore le fonctionnement des organismes de protection sociale.

« DONNER CE QU’ON N’A PAS »

Dans les documents produits, le gouvernement utilise ensuite subitement le conditionnel pour indiquer que 2 autres milliards pourraient être économisés sur l’Agirc, l’Arrco et d’autres régimes de retraite, via de nouvelles mesures que les interlocuteurs sociaux sont invités à mettre en œuvre. Et encore 2 autres milliards dans le cadre de la réforme de l’assurance-chômage. Problème, l’accord signé par FO en mars dernier ne prévoit évidemment pas ces 2 milliards de réduction des prestations et court jusqu’en juin 2016. Interrogé par FO Hebdo, Michel Sapin indique, confiant, que ce sera le prochain accord qui permettra d’atteindre cet objectif… Sur ces 11 milliards, le gouvernement s’engage donc sur des baisses de prestations de 4 milliards d’euros, sur lesquelles il n’a en théorie pas son mot à dire car elles sont déterminées par des accords conclus entre les syndicats et le patronat. Lacan disait que « l’amour, c’est donner ce qu’on n’a pas », les assurés sociaux se passeront de cette preuve d’amour gouvernementale.

Mathieu Lapprand Journaliste à L’inFO militante