Nous le savons toutes et tous : dans les périodes de crise profonde, ce qui est actuellement le cas sur le plan international, européen et national, les mobilisations de caractère interprofessionnel sont difficiles, ce constat ne s’appliquant pas aux situations locales ou sectorielles. Ajoutons, pour la France, que le conflit de 2010 sur les retraites, conflit fort mais qui n’a pas bloqué la contre-réforme [1], a pesé et pèse encore dans les esprits.
Depuis, les problèmes d’emploi et de pouvoir d’achat se sont aggravés et entamer un conflit long n’est pas évident. Face à une telle situation, il arrive également que les travailleurs, si l’occasion se présente, utilisent leur bulletin de vote en tant que citoyens, y compris par l’abstention, pour marquer leur mécontentement.
Dans ce cadre, un écueil est à proscrire et deux directions s’imposent.
L’écueil serait de baisser les bras et d’accompagner la logique économique et sociale mise en œuvre par les gouvernements. Ce serait une forme d’association à la crise et d’institutionnalisation du syndicalisme, contraires à la liberté et à l’indépendance syndicales et pénalisantes pour les salariés. Cet accompagnement c’est, par exemple, accepter le principe des baisses de salaires et de la mobilité forcée (cf. ANI de 2013) ou valider les 54 milliards de réduction de dépenses publiques et sociales avec le pacte de responsabilité, dont une étude confirme le caractère récessif.
N’oublions pas, en effet, qu’en France comme ailleurs le libéralisme économique s’accompagne d’autoritarisme social.
Ce n’est pas et ce ne sera jamais le choix de Force Ouvrière.
Nous nous déterminons, au-delà et en fonction de nos positions et analyses de fond, sur les questions à traiter. Quand nous sommes d’accord, nous assumons notre position (exemple : sur la convention d’assurance-chômage), quand nous ne le sommes pas nous le faisons savoir avec la même détermination.
C’est notre liberté de comportement et, comme je le dis souvent, un syndicat qui dit toujours oui, comme un syndicat qui dit toujours non, ce n’est pas normal. Dans ce cadre, les deux directions complémentaires qui s’imposent sont :
Garder la tête haute et maintenir nos positions et revendications générales et particulières. Un exemple : nous revendiquons la remise en place, compte tenu de l’augmentation du chômage des seniors, de mécanismes de cessation anticipée d’activité et la réactivation de l’AER.
Les gouvernements refusent pour des raisons financières. Mais ces mécanismes existent encore, sauf qu’ils sont supportés par les entreprises (quand elles en ont les moyens), par l’assurance-vieillesse (pour les carrières longues), ou par l’assurance-chômage pour les ruptures conventionnelles.
Le désengagement de l’État, donc de la solidarité nationale, est transféré de manière inégalitaire sur le travail.
Garder notre comportement et nos positions, c’est une garantie pour les travailleurs et un espoir pour une sortie de crise. Quand on milite on sait qu’on peut changer le cours des choses.
Accélérer notre développement par l’accroissement du nombre de syndiqués là où l’on est présent et par de nouvelles implantations. Les initiatives se multiplient localement et nationalement avec des résultats. Il convient de les généraliser et de les amplifier.
La présence sur le terrain, au plus près des salariés, est une condition de ces réussites.
Il ne s’agit pas de se substituer aux syndicats, mais de les appuyer et de répondre à leurs besoins.
Plus on est fort, plus on pèse et plus on pèse, plus on est fort.
C’est une évidence, mais on la mesure tous les jours dans les entreprises comme dans les administrations.
Allier la liberté, l’indépendance et la détermination, c’est notre marque de fabrique.